Bonjour cher Maitre. Emportée par le feu de mes interviews  
précédentes à propos des mystères de vos obsessions esthétiques, j aimerais 
sonder les autres profondeurs de l’astre de la littérature que vous êtes. Sujet 
quasi inépuisable que tous vos questionneurs cherchent à creuser un peu plus à 
chaque entretien... 
1. Quel serait le code, s’il y en avait un, pour une lecture 
“efficace” de vos textes : l’âme dorée du lecteur ou la confiance en l’âme 
d’azur de l’auteur ?
Il n’y a aucun code pour me lire, il faut être un humain, tout simplement. 
Crapules ou esthètes, ignares ou érudits, durs-à-cuire ou mollassons, chacun en 
aura pour son compte, en avantages ou en amertumes. Je distribue à mes 
lecteurs du sucre et du sel, du poivre et du vinaigre, de l’eau et du vin, des 
épines et des caresses à profusion : il y en a pour tous les goûts, en toutes 
circonstances. A l’image de la vie, des choses, des êtres, des événements. En un 
mot, à l’exemple de ce qui se déroule dans l’Univers. Je ne fais que 
raconter les grandes et petites aventures des créatures peuplant ce monde. Je 
parle de leurs oeuvres, de leurs paroles, de leurs désirs, de leurs pensées, de 
leur vérité et de leurs mensonges. Il m’arrive également de m’attarder sur 
l’inerte et de lui donner la parole, histoire d’éveiller les esprits les plus 
épais aux subtilités de l’invisible. De leur donner de l’appétit pour la Poésie. 
En somme pour me lire pleinement il faut être bête et méchant ou bien aimable et 
fin : ça marche dans les deux sens car ma plume parle à tous, elle est 
universelle. 
2 . L’humour est comme le caviar, plus il va vers le noir, meilleur 
il est. Le rire d’encre est votre condiment favori, vous en aspergez même 
abondamment presque tous vos mets. Pourquoi tant d’esprits qui se voudraient 
éclairés ne le savourent-ils pas, le prenant bêtement pour de la méchanceté pure 
?
Pour me lire il faut effectivement jouir de toutes ses facultés, être assez 
ouvert pour saisir les “légèretés de la nuit”, ce qui n’est évidemment pas le 
cas de tous les hommes sur cette Terre. Pourtant je m’adresse à tous sans 
exception. Sans filet ni édulcoration. Je suis comme un nectar fort : je laisse 
une saveur délicieuse aux uns, une infecte âcreté aux autres. Il faut être 
initié pour savoir apprécier les grands crus. Pour certains lecteurs il faudra 
soit du temps, soit de l’intelligence supplémentaire, ou les deux à la 
fois, afin de savourer ma liqueur.
3. Vous qui n’avez jamais craint d’être considéré comme ringard à 
une époque où plus personne ne chante la Lune, tandis que vous la chantez sans 
retenue et sous tous les tons, vous avez des réticences à écrire selon votre 
éclatante inspiration sur Farrah Fawcett afin, dites-vous, de ne pas lasser 
votre lectorat. Pouvez vous nous éclairer sur cette inconséquence de 
caractère?
La Lune est banale aux yeux de beaucoup de gens. Tout comme ce qui est 
omniprésent, éclatant au-dessus d’eux, tels le Soleil, les étoiles, le ciel, les 
nuages. Ce qui est magnifique est souvent ignoré, négligé, voire moqué. 
Moi je suis là pour rappeler à mes semblables les merveilles que, par habitude, 
ils ne voient plus. Mais si justement je leur donne trop l’habitude de 
ces miracles en les leur mettant sans cesse sous le nez, ils auront tendance à 
s’en lasser. C’est pourquoi je préfère leur parler des sommets avec modération, 
sans forcer.
4. Beaucoup de vos textes parlent de gens aux multiples infirmités 
comme les bossus, les tordus, les trisomiques, les diminués, pourtant vous 
prétendez ne pas les aimer. Où est la vérité, maître?
Vous vous trompez lourdement. C’est la faiblesse, l’infirmité, la tare que 
je n’aime pas, non les individus qui en sont les victimes. Bien des 
irresponsables en voulant de bonne foi défendre les chétifs, les débiles, les 
exclus, du même coup font la promotion de la pathologie physique, mentale, 
sociale, culturelle, leur trouvant des charmes exotiques, des vertus 
artificielles, des éclats frelatés, ce qui est fort douteux. Moi je mets le 
doigt là où nul n’ose le mettre : là où il faut, en totale justesse.
5.  Vos textes sont faits pour être lus sous les étoiles, un 
bouquet d’épines à la main. Ils ne sont pas pour tout le monde, quoique brefs, 
clairs, simples, techniquement accessibles à tous. Vous devez avoir conscience 
que même avec toutes ces qualités, il y a un nombre restreint de lettrés 
capables de les apprécier. Alors pourquoi votre manque de popularité vous 
contrarierait-t-elle ?
Ma vocation est, en concertation avec mes muses, d’émouvoir les âmes, de 
les éduquer, de les élever en chantant les beautés de la Création, de les faire 
rire avec fruit en mettant en scène nos travers, de les faire rêver en leur 
désignant les astres, dans ce contexte il est normal que leur indifférence à 
l’égard de cette fresque izarrienne me contrarie... Je suis là pour montrer, non 
pour cacher, pour parler et non me taire, pour voler et non dormir.
6. Vous vous définissez en tant que PLUME. Quelle serait donc 
l’aile a laquelle vous appartenez ?
J’appartiens au Cosmos. Comme tout ce qui est. Nous sommes tous les enfants 
du Beau, c’est à dire les enfants de Dieu.
7. Vous avez des activités que vous estimez secondaires, mais selon 
moi pas négligeables du tout, d’artiste plastique auteur de dessins abstraits. 
Et également de vidéaste. On admire toujours sur YOUTUBE vos choix musicaux et 
vous dansez très bien. Vous considérez comme vous une cathédrale vivante dédiée 
aux arts ?
En effet je fus artiste abstrait jadis mais j’ai délaissé depuis longtemps 
cet art incertain... Mes vidéos sur YOUTUBE sont un simple amusement, toutefois 
je prends un soin particulier à choisir des musiques de qualité, du classique en 
règle générale. La musique permet de sublimer les images de mes vidéos, parfois 
même de suppléer à leur faiblesse. Et si en même temps cela peut éveiller la 
sensibilité des profanes à la grande musique, alors j’aurais déjà “modestement 
fait une grande chose”.  Quant à la danse, là encore vous êtes dans la risible 
erreur car en réalité je danse comme un hippopotame chaussé de bottes 
de cul-terreux ! Je me considère comme un fétu de conscience emporté dans la grande tempête 
cosmique, une poussière de bonheur qui danse dans l’infini de la Vie, un grain 
de lumière en route vers un océan solaire.
 
 
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