J’avais dix ans, j’allais sur onze ans, j’avais l’âge d’avoir l’âge : celui
où l’on a l’éternité d’une vie à faire, comme un soleil intarissable reçu en
pleine face.
Avec, derrière moi, les souvenirs d’une seule décennie qui semblait aussi
longue qu’un siècle.
J’étais aussi jeune qu’une herbe tendre dans le vent, puéril et pourtant
l’égal d’une vieille étoile allumée depuis la Genèse.
J’étais fou, j’étais là, j’étais en vie, rempli de cette étonnante
lumière.
Je me sentais sans fin, sans fond, sans poids.
Je me devinais brillant, brûlant, immense.
Je percevais l’insaisissable, touchais l’invisible, goûtais le vrai : je
n’avais que deux poignées d’années mais en moi débordait cette flamme issue d’un
astre...
J’avais dix ans, j’avais mille ans, j’avais des ailes.
Je connaissais mon âme. Je savais qui j’étais. Le monde entrait par toutes
mes portes.
Autour de moi il y avait toutes ces choses, ces océans, ce ciel et cette
écume.
Des visages me montraient les nuages, des anges me communiquaient leurs
pensées, l’inconnu m’apparaissait en toute clarté, le mystère baignait mes jours
sans rien briser, coulant à mes pieds comme une onde douce.
Une intelligence m’initiait aux sommets. Je me laissais porter dans ses
bras. Qui veillait ainsi sur ma tête ?
Nul ne voyait ce que je voyais.
Personne n’aurait compris.
Tous auraient cru à un rêve.
Mais c’était mieux qu’un rêve. Bien mieux que ça.
C’était mon enfance.
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2 commentaires:
Je te comprends, moi.
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