Mademoiselle Alphonsine était une jeune fille coquette, cruelle, intelligente, fielleuse. Accoutumée à la dentelle et aux fanfreluches, elle ne supportait ni la modestie, ni la médiocrité. Consciente de sa beauté, elle s'appliquait à en tirer profit à la moindre occasion.
Son grand frisson, c'était de rayer d'un magistral coup de poignard l'échiquier de l'amour au moment où ses pions s'y attendaient le moins. Elle s'amusait à décocher ses flèches vénéneuses vers les coeurs les plus sains, mais aussi les plus en vue : séminaristes, bedeaux, fils de bonne famille, tous tombaient sous l'exquise blessure. Et évidemment, tous en payaient les frais...
Elle récoltait avec grande délectation les fruits odieux de ses intrigues : chantages, railleries, sérénades forcées, abus divers.
Ce fut mon tour d'être le jouet de la belle (fier châtelain, j'étais digne de son damier). Je rendis donc hommage à la vipère. Mais au moment de recevoir son venin en pleine face, je lui administrai une retentissante paire de gifles accompagnée de ricanements aigus. La surprise fut telle qu'elle ravala son fiel : elle venait de trouver en moi le parfait écho de son ignominie.
Nous nous entendîmes à merveille, croisant avec une rage grandissante et un bonheur sans nuage nos chers aiguillons.
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