En ce jour de novembre la rivière me plonge dans des abysses de pensées
creuses où se noie mon ennui dominical.
Elle coule à mes pieds et je la fixe bêtement, le coeur vide, l'âme
assoiffée non de pluie mais d'azur.
Je déteste cette onde qui ne m'emmène nulle part. Tout en reflétant, comme
pour mieux me narguer, ce ciel que je désire tant.
Il paraît que le sage trouve la paix au fond de cette chose aussi limpide
que muette. Moi je n'y vois que du bleu ! Rien que du feu... Nul réconfort, tout
au contraire, je ne perçois que de la mortelle léthargie dans cette eau trop
plate à mon goût !
Il me faut non de la flotte mais des bulles, non du liquide mais de l'air,
non de l'aqueux mais des ailes. Je veux non du lourd mais de l'or !
Le courant de ce lit bien fade m'entraîne vers un sommeil banal, alors que
les nuages m'emportent dans des rêves ultimes.
J'aimerais pouvoir m'extraire de ce pesant présent afin de m'élever
jusqu'au Soleil, mais il est trop tard : je m'endors bientôt, hypnotisé par le
flux monotone des flots de l'automne. Et dans ma narcose de grisaille, je ne
songe plus à la lumière mais au tombeau.
Lorsque je me réveille, la Lune éclaire le monde et dans ce miroir fluide
qui s'étend devant moi, je vois brûler sa triste flamme.
Oubliant mes idées noires, je ne pense plus à la mort mais à l'amour.
VOIR LA VIDEO :