Sur la plage j'aperçus une silhouette féminine dévêtue, frêle, qui mollement s'étirait, se prélassait sur le sable.
Les jeux d'ombres produits par le soleil cru de mi-journée accentuaient les angles de ce corps osseux.
Et je crus voir une sorcière !
Vision d'autant plus effrayante que sa chevelure éclatante faisait ressortir ses lignes sèches et ternes.
Cette
femme coiffée avec soin et recherche, mais aux formes spectrales,
m'apparut grotesque. Comme un cadavre paré des artifices de la vie.
Je l'observais de loin d'un oeil moqueur, partagé entre franche consternation et fol amusement...
Je me dis que cette estivante devait être bien sotte pour se croire rayonnante...
Sa
laideur en effet n'était nullement dissimulée, pas même amoindrie mais
bien plutôt mise en valeur à travers cet apparat ridicule et simiesque.
Un squelette affublé d'une perruque, voilà ce qui gâchait mon horizon !
L'épouvantail
sommeillait sous l'azur, roulant bientôt sur lui-même pour exposer à
ma vue l'autre face de son horrible incarnation.
Cependant,
ébloui par les feux féroces de l'astre et encore trop éloigné de mon
objet d'étude, n'y tenant plus je voulus aller vérifier de plus près les
comiques outrances de ce phénomène inesthétique, tenaillé par une
curiosité certes pas très saine mais après tout humaine, compréhensible.
Je me dirigeai vers le monstre, l'air de rien, le regard furtif, le pas faussement flâneur.
A
mesure que je m'approchais du laideron, ma perception de la lumière
changeait. Le sujet de mes railleries, en devenant plus net, semblait
étrangement moins austère.
En m'avançant encore, ses courbes qu'avec le recul je pensais affreuses car mal éclairées, s'adoucissaient de plus en plus...
Arrivé à sa hauteur, ce fut le choc.
Finalement
je dus me rendre à l'évidence : le crabe que je distinguais depuis une
certaine distance était en réalité une sirène !
Et, comble de ma surprise, cette sirène portait le nom de Farrah Fawcett.
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