Mademoiselle,
Vous êtes belle et votre face rayonnante m'inspire les plus chastes émois. Chère idole, précieux objet de contemplation, admirable créature, âme si joliment incarnée, laissez-moi vous prendre la main pour un voyage vertical. Sous nos pas se dérobe le poids du monde, et des ailes soudaines nous élèvent jusqu'aux hauteurs lumineuses, millénaires et sacrées d'une cathédrale gothique.
Nous flottons, tandis que nos doigts s'effleurent, sous les voûtes légères qui soutiennent les siècles et la foi. Nous volons au-dessus de l'immense ouvrage de pierre et de cristal qui se présente à nos yeux, nous tournoyons autour des colonnes massives qui s'érigent jusqu'aux coupoles, nous voltigeons entre les arcs qui se succèdent de dôme en dôme.
Nous sommes devenus des êtres éthérés. Nous ne faisons plus qu'un avec le pieux édifice. Nous sommes les âmes voguantes des statues qui trônent, accrochées aux flancs du monument, nous leur donnons la parole, et toutes ensemble elles proclament, à travers leurs silencieux regards de pierre, notre gloire secrète et intime.
Nous sommes habités par le dieu Amour. Les vitraux projettent leurs lumières à travers nos âmes, et nous atteignons une extase que cette forteresse de dentelle ne pourrait contenir : nous explosons à travers les murs, plus loin que les limites de la Terre, et nous nous joignons, un bref instant, à toutes les étoiles du cosmos.
C'est l'orgasme désincarné.
Je connais les mystères des cathédrales Mademoiselle. Un Jour je suis venu rendre visite aux chimères qui s'ennuient là-haut, à Chartres, et elles m'ont confié leurs secrets de pierre.
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