Je brille et tonne pour une femme qui me parle de lumière et à qui je
réponds par de la paille, des pierres et du vent.
Elle est au bord du Bosphore, je suis loin de ses pieds. Les miens sont au
fond de mon ruisseau et tremblent de bonheur sous l'onde vivifiante.
La fièvre de mon âme me fait oublier la dureté des cailloux.
J'admire cette lointaine étoile depuis les brumes de mon trou sans
nom.
C'est une fée de chair et de ciel, avec des nuages dans les yeux, cent
lyres dans la tête, plein d'azur sous les semelles.
Ma flamme est chaste, ce qui est normal car cette créature incarne la vraie
beauté. Celle qui ressemble aux sommets, non aux plats horizons. Celle qui
aspire aux baisers aériens, non aux étreintes charnelles. Celle qui fait aimer
le désert, non la lourde opulence.
Je suis un orage de neige et de rêves, un éclat dans la nuit, le givre des
hauteurs.
Elle chante des airs turcs dont je ne comprends pas les mots. Et danse de
la même manière que gravitent les astres : en accord avec l'infini.
Elle est le Soleil, je suis la glace. Elle brûle, je me vaporise.
Elle est là-haut dans les vibrantes clartés d'or et de joie, je suis
là-bas dans les roches et les fleurs.
C'est un hymne à l'éternité.
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