Dès les premiers frissons d'octobre, j'allume le feu de mon âme et ferme les portes de mon foyer aux hommes sans goût.
Alors j'ouvre mes fenêtres pour mieux entendre les plaintes des corbeaux et laisse entrer les rats par les trous les plus secrets qu'on pourra trouver chez moi...
Tandis que s'achève septembre, je deviens un hibou sous mon propre toit, et la nuit je veille comme un chat-huant, chante sous la Lune et m'envole vers mes rêves d'oiseau nocturne...
Je ne songe plus aux affaires humaines : je vais nourrir le peuple d'intrus logeant dans mon grenier, faire des flambées dans ma cheminée pour réchauffer les ténèbres et enchanter ces quadrupèdes qui m'entourent, et puis méditer dans les bois encerclant ma demeure.
Le mois des brumes est mon asile de clarté et d'âpreté, mon refuge de fraîcheur et d'humidité.
Je suis une vieille souche faite pour respirer l'air des champs, s'enivrer d'humus, humer les feuilles mortes, s'imprégner des mystères de la saison au milieu des arbres.
Je suis fait pour voyager sur les plumes de tout ce qui vole, pour emprunter les chemins qui se perdent vers l'horizon, pour accompagner l'ombre du crépuscule dans ses profondeurs et renaître à minuit telle une chandelle sous les étoiles.
Heureux, avec les seuls hôtes dignes de ma compagnie : corvidés, écureuils, rats, et autres êtres chers de ma vie d'ermite amoureux du froid et des herbes folles de l'automne.
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