Je m'étais donné rendez-vous avec l'immensité et me suis retrouvé les pieds
ensablés au milieu de nulle part.
Seul avec moi-même, face à ma désillusion. Dans la puanteur des algues
corrompues que j'écrasais.
Partir à la rencontre de ses idéaux, poursuivre ses chimères, décider de
lever les yeux vers le ciel, tenter d'atteindre les étoiles n'est pas chose si
facile, en vérité.
La réalité parfois peut devenir aussi pesante que le plomb, et l'horizon
s'avérer plus inaccessible que jamais.
Je me trouvais donc devant mes rêves, confronté à mes plus chers désirs de
légèreté. Pourtant je me sentais aux antipodes de cette plage où le caprice de
mes pas venait de me conduire, au fil de ma mélancolie.
Les mouettes se moquaient de moi. Les vagues me déroulaient leur tapis
d'écume glacé. Pour le vent, je ne valais pas plus qu'une herbe folle. Et la mer
grondait, aussi loin que possible de mes ressentis. Les éléments se montraient
parfaitement indifférents à ma présence. Je paraissais insignifiant dans ce
décor grandiose.
Entre la nue et l'océan, je ne comptais pour rien, ou pour si peu de
chose...
Comme si j'avais été un intrus, la nature me considérait avec dédain.
J'avais froid, je me découvrais isolé, dépouillé, vide.
Et finalement, très conscient d'être rempli d'ennui, je comprenais que je
cherchais surtout à meubler ce néant par des artifices poétiques... Mais cela ne
marchait pas, mon âme ne s'accordait pas avec le réel. En moi stagnaient des
brumes indéfinies, léthargiques et caressantes. A l'extérieur, l'orage de
l'expérience vraie s'imposait beaucoup plus tranchant !
L'Univers n'avait que faire de mes humeurs de mortel. Cependant je savais
que j'appartenais au Cosmos, moi aussi, et que j'en incarnais même sa plus belle
oeuvre.
Faisant partie intégrante de la Création, j'avais droit à l'envol. Mais
pour déployer mes ailes, je devais me débarrasser de mes lourdeurs.
Renoncer à mes rêveries grotesques et mesquines et accepter le monde tel
qu'il est, le regarder avec amour dans sa beauté et son outrance, avec ses
ronces et ses férocités, ses fleurs et ses pourritures, ses tempêtes de sang et
ses éclats de paix, ses tonnerres de douleur et ses éclairs de joie, ses drames
incompréhensibles et ses extrêmes élégances.
Alors, en ouvrant la porte de mon esprit sans le filtre du coeur, je me
suis immédiatement fondu avec la Lumière, au sommet des sommets, les chevilles
toujours embourbées dans le limon, en pleine extase.
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