Je me suis vu sous des ombrages qui me sont chers, en un horizon oublié, connu de mon enfance seule. Et sous ces feuillages mouvants d'un été ancestral, des instants prestigieux de ma jeune existence se sont écoulés, paisibles et tendres. Cette terre en souvenance, cet éden humblement foulé par l'âge puéril, ce jardin de nostalgie, consistait en un parc, celui d'un château.
Les frondaisons qui ondulaient sous la chaude brise rivalisaient de majesté, de noblesse et de grandeur séculaire avec la façade de la noble demeure. Je me souviens particulièrement de son enceinte élevé, de ses fenêtres innombrables, de son aspect magistral et gracieux comme d'un paysage quotidien, familier, rassurant. Ces images m'envoûtent comme lorsqu'on retrouve, une fois adulte, une ambiance ensevelie dans la mémoire se rapportant aux heures innocentes de la vie.
Où me trouvais-je ? Qui étaient les hôtes de ce domaine ? Combien d'années avait mon âme juvénile ? Et cet asile, était-ce réellement une concrète résidence ou bien une illusion, une fantasmagorie d'enfant ?
Plus tard j'ai retrouvé ces lieux perdus. J'ai goûté à plein coeur ces saveurs idylliques, j'ai senti le poids incomparable de la pierre érigée à glorieuse hauteur, j'ai eu chaud sous le souffle refroidi des passions d'antan, éteintes depuis un siècle. J'ai reconnu les verdures estivales apprises je ne sais où, je ne sais quand, et j'ai ressenti l'ivresse d'un jour, la mélancolie fulgurante, la brûlante langueur. J'ai redécouvert mes chimères. Cela se passait sous le règne de l'Amour, lorsque coulait le temps de l'indélébile rêve. La rencontre enchanteresse de la vigne vierge avec le vieux rempart de briques rouges. Ce que l'on nomme communément : le lierre. Sur l'argile cuite..
Un flanc de mur ombragé par un bouquet de feuilles et quelques soupirs. Un pan de mon histoire jamais effrité, toujours debout.
Illustre, auguste, immémorial.
Intact et inébranlable.
Mais laissez-là mes briques, mes feuilles et mes larmes, aujourd'hui j'ai besoin d'être aimé pour une raison qui vaille, enfin : pour rien.
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