Lettre ironique à une détractrice.
Souffrez Madame que je ne partage définitivement pas vos vues aberrantes. La mort n'est point, comme l'avancent ces hérétiques inconséquents de votre espèce, la fin de tout, mais le début d'une éternité faite d'ailes d'anges et de miel, de chants pieux et d'enfants sages.
Et je ne connais guère qu'une seule façon d'accéder à ce Ciel enviable : faire dire des messes. Autrement dit le notable a beaucoup plus de chance d'être emporté aux cieux que le mendiant. Dans ce but l'acquisition d'une fortune personnelle est une bonne chose puisque cela contribue à payer des prêtres pour faire dire un maximum de prières.
Cessons donc de vilipender les belles gens argentés et d'encenser de manière stérile les pauvres, ces va-nu-pieds, ces sans le sou qui rêvent d'un Eden qu'ils sont incapables de s'acheter ici-bas.
Les indigents sont certainement aimables aux yeux de tous ces rêveurs épris d'absolu dont vous faites partie, mais ce sont finalement eux, les miséreux, les vrais imbéciles : pendant que les esprits avertis économisent, épargnent, capitalisent, et finalement construisent leur demeure céleste, ces crève-la-faim s'enfoncent dans leur paresse et s'égarent dans ses viles et vaines séductions.
Les bonnes consciences de cette société auréolent de bien des vertus leur humilité si médiatique, mais tout cela pour arriver à quoi finalement ? A rien car seuls les riches seront allégés de leur or. La gloire des déshérités n'est que terrestre, tandis que les lauriers des nantis seront quasi divins.
Je suis donc sur cette Terre pour amasser le plus possible de biens, et ce afin de commander au prête ses pieux services. Pour le salut de mon âme.
Cessons ces discours révolutionnaires crétinisants et stériles, et crions plutôt : vive l'enrichissement, vive l'argent qui déleste de toute lourdeur ! Et tant pis pour les gueux et les imbéciles convaincus que leur crasse et leur plomb dans l'aile les feront décoller du sol...
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