(D'après un tableau du peintre Aldéhy)
Ève écoute avec ravissement le chant du messager en robe sombre, loin de
l’originelle tentation à la langue fourchue.
Dénué des artifices de la séduction, le volatile se fait entendre en termes
appropriés, authentiques, farouches : à travers lui c’est la nature brute qui
parle à l’Humanité.
Ses cris rauques et moqueurs sont en fait un véritable hymne pastoral. Tout
le charme de la Création est contenu dans cet oiseau au plumage ardent !
Le corbeau c’est la terre, la rocaille, les nuées, les profondeurs du
crépuscule et le mystère des bois...
Les sons sortant de ce bec aux apparences de caillou sont austères.
Automnaux, telluriques, caverneux.
C’est le clairon grave et sonore de la vie simple, saine, bucolique. Un
rêve venu du fond des champs, une voix gutturale sortie des brumes.
Il est vêtu de ténèbres, aussi noir que le péché, inquiétant sur sa
branche... Cependant ce ne sont là qu’illusions car cet être ailé est en réalité
l’ami des âmes éclairées qui voient en lui l’incarnation du bonheur virgilien
entre la chaleur du foyer et la lumière du sillon. Et bien qu‘il soit parfois
voleur de graines, son vol lourd et sa présence royale font l’admiration des
initiés.
Ève n’est plus face au mensonge comme avec le serpent corrupteur car du
haut de son perchoir cette fois l’animal lui peint en quelques croassements
lugubres et beaux l’histoire vraie à vivre pour sa descendance, cette aventure
terrestre âpre et stimulante, dure et merveilleuse.
Il ne lui raconte plus des fables pour sa perte, comme ce fut le cas avec
le funeste reptile, mais au contraire pour son rachat, lui annonce de
magnifiques clartés nocturnes et de clairs jours de pluie sur cette Terre de
douleurs et de joies mêlées.
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