Vous êtes belle lorsque sur votre visage souffle la brise, qu'elle déclot vos lèvres, fait trembler vos cils et agite vos frisures, comme s'il était votre amant, fou et caressant.
Vous êtes idéale à mes yeux, vous la dédaignée des riches, des citadins et des âmes sédentaires. Vous avez la chevelure italienne, le regard ombreux et la bouche tentatrice. Vous êtes née de la terre, avec l'éclat du marbre sur la peau, la senteur des bois dans les cheveux, la pluie sur le front et un peu d'or dans le cœur.
Et si vos pieds sont nus, c'est que votre pas demeure libre, sans attache. Céleste, hardi, désinvolte, comme vous la fille des nuages, l'enfant du soleil, la fleur nomade...
Je ne rougis ni de votre habit déchiré ni de vos chevilles cendreuses. Pas plus de votre coiffure de broussaille qui se délie sous la brise et qui met tant de grâce sur vos traits insouciants... On vous appelle va-nu-pieds, voleuse ou bien souillon.
Pourtant vous avez la beauté naturelle de l'ange. Vous chantez de chemin en chemin, marchant comme si vous voliez, aussi légère que l'air, et dites la bonne aventure avec plein d'ingénuité dans l’œil et un sourire de gosse pour mieux désarmer vos ennemis.
Vous êtes l'Esméralda incarnée : danseuse vagabonde, créature errante, ballerine sans semelle, cavalière des pavés. Vous êtes liberté, danse, poussière, crinière folle, chants lancés aux nues, refrains perdus dans l'azur et rires emportés par le vent. Eternel baladin, vous êtes l'enfant de la Bohème.
Vous êtes passée avec vos ailes, et jamais je n'ai pu vous oublier.
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