De fats exégètes racontent assez souvent le destin des grands hommes avec beaucoup d’emphase et peu de réalisme.
J’écoute toujours avec circonspection, voire avec franche dérision, ces
parleurs creux qui veulent à tout prix diviniser des bipèdes pourtant aussi
consistants, pesants, palpables que vous et moi.
Et cela, sous prétexte que ces humains n’en seraient pas tout à fait,
qu’ils échapperaient aux contingences des mortels ordinaires que nous sommes,
que leur condition de penseurs, d’aventuriers, d’explorateurs, d’écrivains,
d’artistes serait exceptionnelle au point de n’évoquer leur nom qu’avec des
artifices recherchés dans la voix...
D’emblée ils placent ces personnalités si haut dans leur estime frelatée de
“commentateurs professionnels”, qu’on les perd de vue.
Je ne crois évidemment pas aux fadaises universitaires des glossateurs.
Parler authentiquement des âmes exceptionnelles, c’est les mettre à notre portée
en humanité. Et non les placer en orbite inatteignable... Ce qui rapproche
les êtres admirables des gens plus communs, précisément c’est leurs pieds.
Posés sur terre et non pas éloignés dans leur apesanteur imaginaire.
Or les ailes abstraites que les pédants biographes prêtent à ces esprits
hors-norme ne font que les séparer de ce bon vieux plancher des vaches auquel
nous tenons, nous les personnes sensées.
Que je sache, tous les incarnés partagent avec moi les nécessités
biologiques les plus triviales. Y compris les découvreurs d’empires, les
inventeurs de génie, les ascètes les plus exigeants, les cerveaux en or comme
les coeurs solaires...
Aussi élevées que soient leurs oeuvres, mes semblables demeurent mes
semblables. En poids charnel et en légèretés diverses, en gloires quotidiennes
et en viscères brutes, bref en hauteurs comme en petitesses.
Moi je cause de Hugo, de Homère, des philosophes, des César, et même des
demi-dieux avec simplicité, clarté, naturel. De manière parfaitement
prosaïque.
Je ne cherche pas leurs singeries brillantes qui ne me reflètent en rien
mais leur vérité qui me ressemble.
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