samedi 31 décembre 2022

1930 - Burcu Güneş, un air léger

Burcu Güneş, vous la femme turque au charme de métèque, vous l'astre exotique à la flamme qui pique, vous êtes l'image typique des anges au sexe incertain... Telles des vagues de lumière dans la mer, entre ondes et fluides, flots et flou, écume et nuée, vous voguez entre l'horizon du rêve et le sol de la réalité.
 
Votre face de Lune lointaine aux airs d'éther me met dans tous mes états.
 
Je succombe aux éclats de vos traits presque abstraits, vous qui incarnez l'angélique poison d'une beauté entre ciel et terre.
 
Certes avec l'âge vous devenez un peu bouffie, moins linéale, plus lourde, ainsi qu'une poule idéale qui s'épaissit, se distend.
 
D'Istanbul à Vénus, la voie est royale.
 
Mais de Vénus à Istanbul, il y a le poids de notre monde, les pesanteurs de la vie, les banalités du quotidien... Oui, vous prenez de la chair et de l'ampleur, comme une bulle d'air qui deviendrait bulldozer.
 
N'importe ! En dépit de votre léger empâtement vous demeurez une boule de neige aux yeux de charbon, un nuage de glace au regard de feu, un rivage de brume au visage de braise.
 
Votre corps a pris quelques kilos mais vos allures d'ailée sont demeurées intactes.
 
Vous avez, il est vrai, quelque peu grossi. Mais vous avez quand même gardé vos légèretés d'azur et votre chant d'oiseau.
 
L'essentiel n'est pas la balance sous vos pieds mais la faïence au-dessus de votre tête.

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vendredi 30 décembre 2022

1929 - Je déteste les pauvres !

Moi, je ne fréquente pas les nécessiteux.
 
Je ne les aime pas.
 
Je les déteste, les méprise, leur crache dans le dos.
 
Les affamés, les loqueteux, les clients de la déprime, les abonnés aux jours mauvais, les comptes en banque vides, les colporteurs de mauvaises nouvelles et autres professionnels de la misère, spécialistes du désespoir ordinaire, bref les pauvres qui se lamentent à tout bout de champ, maudissent les honnêtes nantis et suintent la tristesse du petit-déjeuner au souper (qu'ils sautent quasi systématiquement) m'indisposent singulièrement.
 
A mes yeux il y a deux races opposées de sans-le-sou : celle qui chiale et celle qui la ferme.
 
Ma préférence va évidemment vers les crasseux discrets. Les autres, les bruyants, les gueulards, les mécontents, qu'ils crèvent !
 
Moi j'aime les gens débordants de bonheur, les esprits positifs, les âmes constructives, les astres qui brillent. D'où qu'ils viennent, quels qu'ils soient, quoi qu'ils fassent.
 
En réalité je puis normalement apprécier un infortuné, va-nu-pieds ou chômeur, assisté social ou SDF, qu'il soit mendiant ou simple travailleur sous-payé.
 
A condition qu'il respire la joie.
 
Mais s'il se paie le luxe indécent d'orner son indigence avec la grimace du deuil, ajoutant de la lourdeur à sa laideur, des larmes à sa pluie, de la noirceur à sa grisaille, des ténèbres à son obscurité, alors je suis sans pitié : je l'achève tout net !
 
Je lui enfonce encore plus la tête dans sa fange.
 
Quand on est au fond du trou, la plus mauvaise chose à faire en ce cas est de faire vibrer -non sans coupable complaisance- les cordes sinistres de la malédiction auprès des riches, des heureux, des bien portants...
 
Moi je ne veux pas entendre le chant de ces cafards.
 
N'ayant plus rien à perdre, plus rien  gagner, pourquoi choisir le pire quand on peut opter pour le meilleur ? Ca ne mange tout de même pas de pain de faire preuve de panache, non ?
 
C'est dans l'adversité que la vraie nature des hommes se révèle.
 
Quand on est sale et moche, puant et perdant, pitoyable et peu intéressant, et que l'on souhaite plaire à plus propre et mieux loti que soi, la plus généreuse option, la plus belle action, le plus aimable réflexe qui reste au gredin en guenilles que l'on est, c'est le SOURIRE !
 
Ce qui est la moindre des choses.
 
Le sourire est gratuit, apaisant, communicatif. A la portée de tout mortel, qu'il soit vêtu de soie ou de haillons. Sur ce point au moins ne sommes-nous pas tous égaux ?
 
C'est même là le vrai trésor du déshérité. Son unique richesse. Sa seule porte de sortie.
 
Et le ladre qui rechigne à me faire risette sous prétexte qu'il a le ventre creux et que je suis parfumé, fortuné, poudré et porte perruque, alors que ça ne lui coûte rien de m'offrir ce plaisir, celui-là n'est qu'un rat déjà mort digne de mon fiel !
 
Qu'il reste dans son purin et sa méchanceté !
 
Moi je dis : "malheur aux malheureux" !

Et tant pis pour eux.

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mardi 27 décembre 2022

1928 - Quand mon coeur s'allume

Lorsque mon coeur de macho phallocrate bat pour une cause dépassant la hauteur de ma chair de taureau, autrement dit quand la flamme est si belle et si pure qu'elle transcende ma virilité et fait taire mes feux impies, j'oublie les fadaises romantiques apprises dans les livres sans consistance et renie les finesses mensongères que l'on m'a bêtement inculquées en tel cas.
 
Alors, loin des singeries de salon, je pulvérise les porcelaines sentimentalistes d'un effroyable coup de massue !
 
Et remplace les mièvreries écrites dans la soie des chimères en vogue par des lettres rouges gravées dans l'acier de ma poitrine faite pour la guerre !
 
Je jette les gants blancs de mon éducation, abandonne les dentelles de mon langage et chausse mes grosses bottes de conquérant !
 
Je deviens un ogre. Un soudard. Un épouvantail.
 
Les romans des caniches sont écrits sur la craie fade et friable de leur vie prudente. Mes histoires sont racontées à coups de burin dans l'azur.
 
Les pâles rêveries des amants de ce siècle insipide sont des grimaces flasques issues d'un imaginaire étriqué, sec et pauvre...
 
L'amour véritable en ce qui me concerne, c'est une eau glacée jetée sur ma face de rat givré, une neige qui cingle mon front calleux de crapaud pétrifié, une averse de silex tranchants qui tombe sur ma tête de cafard réfrigéré !
 
Pour que l'affaire puisse m'enivrer, moi la statue de plomb aux semelles d'éther, je dois me sentir emporté comme une plume.
 
Et non pris pour un pigeon.
 
Je ne veux pas devenir une nouille cuite à l'eau de rose, une coquillette molle bercée dans des puérilités au sucre raffiné, non...
 
La banquise virginale descendue du ciel est bien plus brûlante que ces tièdes platitudes nées de brises printanières !
 
Il faut que l'éclair soit à la mesure de mes crêtes, aussi doux qu'une vallée de caillasse, vif comme une piqûre de guêpe.
 
Sinon c'est de la soupe aux navets.
 
Mes ailes nivéennes et mes sommets de marbre portent les idéaux les plus âpres.
 
Cupidon ne s'affuble point d'éclats factices. Pas de fards pour le messager de la divine clarté !
 
Cet oiseau supérieur doit voler plus haut que les nuages.
 
Loin de tout artifice.

Bref, je destine mes orages de lumière et mes tempêtes de blancheur aux femmes dignes de mes appétits de loup.

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lundi 26 décembre 2022

1927 - Intègre, entier, râpeux

Cette société dévirilisante aimerait me féminiser, m'épiler, m'édulcorer, me faire entrer dans le moule des mollassons.
 
Me transformer, comme les autres mâles, en toutou qui fait le beau sous les bottes des suffragettes.
 
Tous les moyens sont bons pour tenter de me séduire : appel à mes bons sentiments, exaltation de ma sensibilité, lustrage de mon ego avec la peau de chamois des idées policées et lissage de mon épiderme avec des crèmes de beauté...
 
Et lorsque ces méthodes douces ne suffisent pas, on me réserve des traitements plus radicaux.  Dans l'espoir de briser mes os de fer. Mais même les coups de massue du féminisme bête et brutal sur ma tête de pioche ne fonctionnent pas sur moi.
 
Je reste insensible : je bois du vitriol, crache de la testostérone et souffle du feu !
 
Je demeure un loup, un carnassier, une gueule enflammée. Et mes crocs de dominant affamé de vérités cinglantes sont faits pour déchiqueter les fleurettes insipides des propagateurs de caresses, des colporteurs de mensonges, des distributeurs de susucres. Je ne suis pas un caniche, pas un avaleur de guimauve, pas un pleurnicheur tendre et émotif mais un tueur pur et dur !
 
Les femelles, je les dévore toutes crues. Sans détour, sans pincettes ni gants de soie. Les demi-mesures sont faites pour les demi-âmes.
 
Mon coeur est fracassant et ma verge est lumineuse, mon poing est impérial est mes pensées sont de marbre, ma nature est solaire et mes vues sont claires.

Je suis libre, bourru, burné, heureux.

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samedi 24 décembre 2022

1926 - Le cheval

C'est une statue de muscles et de cuir.
  
Une figure illustre, une légende de chair et d'airain, une image issue de l'Olympe.

Chaussée de sabots pareils à des souliers fins.
 
Cette sculpture animée marche avec l'élégance des héros vêtus de toges et court comme si elle avait des ailes dans le dos.
 
Le cheval est une flamme sur Terre, une fable incarnée, l'allié des dieux et le trône des rêveurs en action.
 
Il est l'azur du simple mortel et la comète de l'homme au destin glorieux.
 
Le compagnon du quidam et l'astre du seigneur.
 
Le porteur de fardeaux et de nouvelles fraîches, l'annonciateur de tonnerre et de jours radieux.
 
Il entre dans nos histoires humaines tantôt à pas de velours, tantôt avec le fracas du tambour.
 
Son échine est le fauteuil des rois, le promontoire des voyageurs, le repos des songeurs.
 
Et l'assise des âmes vaillantes.
 
Cet animal est l'ange des petites et grandes destinées, et lorsqu'il meurt, s'envole loin des malheurs du monde, part en paix vers les étoiles.

Et devient un Pégase.

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vendredi 23 décembre 2022

1925 - Homme mauvais

Ce démon que tous redoutent et haïssent est un homme.
 
Un simple bipède comme vous et moi. Mais avec une charogne qui bat dans sa poitrine, des désirs fétides, des pensées mortes, des regards qui tuent.
 
Et des mains faites pour le crime.
 
C'est un humain qui commet des actes immondes.
 
Un mortel venu sur Terre pour semer l'épine et le malheur, non pour enrichir nos âmes de douceur et enchanter nos chemins de fleurs.
 
C'est un méchant, un mauvais, une ronce. Un porteur de vice et collectionneur de larmes.
 
Le mal l'anime, le bien le mine.
 
Ce loup parmi l'Humanité doit mourir.
 
A force d'amasser l'ordure, il a attiré la foudre. Ses noirceurs accumulées ont déclenché les éclairs du ciel. Le monde de la lumière veut se débarrasser de cet enfer incarné.
 
La flèche de la justice a été décochée.
 
Elle file vers cette cible qui n'aime personne. Droit vers l'organe vital de ce malfaisant. Directement vers le siège de ses sentiments de bête.
 
Sous ce buste de butor, c'est un rat crevé qui palpite.
 
La sagaie du châtiment et de la vertu vole en direction de son but et ne dévie point. Sans émotion, sans hésitation, sans haine ni amour, parfaitement insensible. 

Elle est uniquement juste.
 
Rien de moins, rien de plus.

Et transperce ce coeur dans un bruit flasque de viande pourrie.

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mercredi 21 décembre 2022

1924 - Un trou sous le ciel

En mars là-bas la glèbe est noire.
 
Comme dans n'importe quel bourbier de sous-préfecture en cette saison de hallebardes, certes. Mais bien davantage dans cette campagne d'enterrés qu'ailleurs, car il y a, en plus, le poids de la boue.

Et la légèreté du ciel en moins.
 
Les spécialités du coin, ce sont ses misères : l'ombre de l'horizon, l'insignifiance des bois, la banalité des jours sans éclat, la torpeur des chemins qui mènent à des destins de deuil.

Et à des espoirs de néant.
 
Avec, dans les brumes, ainsi qu'une vallée de pleurs, des foyers comme des tombeaux.
 
Mornes maisons habitées par des morts-vivants malheureux de vivre, heureux de mourir.
 
Notons l'odeur de cave se dégageant des demi-animaux bipèdes qui peuplent ce trou d'inertie... Et les stigmates de l'ennui sur leurs faces de défunts. Ils naissent sans fracas ni artifice, aiment leur cabot ou leur âne, puis trépassent en sourdine dans une mare d'immobilisme ancestral où s'enfoncent allègrement leurs semelles crottées.
 
Et pataugent gaiement les canards.
 
Relevons encore l'épaisseur des trognes qui s'accorde si parfaitement avec l'enclume des soupirs.
 
Clinchamp est un paradis de sublimes platitudes où se retirer, loin des tapages du monde, afin d'y gémir en paix de l'aube au crépuscule, le regard dirigé vers des nuages aussi pesants que des nappes de plomb.
 
Et fermer les yeux la nuit pour mieux fuir les naufrages de la journée.
 
L'esthète vient y pleurer de bonheur morbide. C'est le décor idéal pour y déverser ses flots choisis de regrets. Et se noyer dans une mélancolie au goût de miel. Comme dans une mer d'huile et de silence, sans faire de vagues. En compagnie d'oiseaux déplumés et de rats glorieux.
 
En ces lieux sans histoire le présent est une pure absence de vie, le passé un ossuaire d'heures perdues, le futur un rêve déjà inhumé.
 
C'est au fond de ce jardin d'oubli, entouré de ces espaces innommés, dans le ventre de cet ogre malingre, au sein de ce brouillard momifiant que je souhaite m'éterniser.

Pour me faire dévorer par la gueule céleste.

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1923 - Hauteur de la Lune

Elle est l'ombre et le feu, la flamme et la mort, la lumière et la nuit, le songe et la pierre.
 
Elle vole dans nos rêves, vogue dans l'océan du vide, vaguement humaine avec sa tête simiesque, lointaine avec ses airs astraux, proche à travers ses allures terrestres, aussi tellurique qu'éthéréenne...
 
La Lune est un globe ambigu au visage familier, à la face lumineuse et aux réflexions ténébreuses.
 
Elle est un corps céleste obscur, une gueule ouverte dans le noir et un clin d'oeil dans le ciel en plein jour.
 
Elle s'illumine le soir pour s'éclipser à l'aube, tantôt pleine de pâleur, tantôt à moitié brillante, toujours éclatante de beauté morbide.
 
Dans ses orbites les hommes n'y voient que du flou : son regard d'aérostat pétrifie les fous, réveille les dormeurs, brûle les insomniaques.
 
Et fait braire les ânes que sont les poètes.
 
Tout son esprit est là, précisément : elle tourne, inconditionnelle, indifférente, hautaine et magistrale dans son royaume de solitude et de sommets, beaucoup plus haut que nos vues basses de sombres mortels.

Cette bulle aux yeux globuleux errant maladivement dans les fumées de notre imagination n'en finit pas d'aller et venir entre nos coeurs limités et l'infini de l'espace.

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mardi 20 décembre 2022

1922 - Nulle part, là-bas, ailleurs

Je chemine sur une route bordée de néant, entre des fossés ruisselants d'insignifiances.
 
Au-dessus de ma tête, le ciel cadavérique déverse un crachin de novembre plein de promesses glacées.
 
Devant moi, une vallée d'immobilité. Ou plus clairement, une plaine pareille à une crypte. Agrémentée, tout de même, de quelques soupirs dans l'air. Ainsi entouré de ces invisibles agonisants, je me sens moins seul... Dans mon sillage, des bois coincés entre un horizon de léthargie et la certitude de s'enraciner dans l'oubli, des ombres traversant les champs et autres fantômes sans surprise, des empreintes d'habitudes figées dans la boue et des statues de monotonie qui se confondent avec le paysage.
 
Un silence de souche règne dans cette campagne désespérée où l'oxygène y est saturé d'ennui. Il n'y a pas une brindille de vent, pas un cheveu de mouvement, aucun cil de vie, rien que des flots d'inertie et des rafales de grisaille. Et pourtant je vole dans ce vaste crépuscule, le coeur en fête, tel un papillon d'automne emporté dans un tourbillon de feuilles mortes.
 
Je rêve, l'âme affolée, le pas brûlant, m'enivrant de l'humidité comme d'un nectar de souvenirs marécageux.
 
Ce cimetière champêtre débordant de l'humus du sol et de l'huile rance du vieux temps m'enchante. Je trouve ici mon véritable élément : le froid, le peu, l'essentiel.
 
Au milieu de cette tempête de morosité, je suis une flamme ! Au centre de cette terre semée de torpeur, je palpite et m'embrase ! Dans cette impasse naturelle où convergent pluies et tristesse, je deviens un océan de lumière ! L'austérité du réel me fait pousser des ailes. Le poids des ténèbres me force à m'alléger. La misère du dehors fait ressortir mes feux intérieurs. Les cailloux sous mes semelles me remplissent d'azur. Les étendues noires qui m'entourent m'éclairent. Ce jour de plomb me fait monter comme une plume.
 
Ici tout est vague et lointain mais j'y vois très clair. Ma peau est dure, mes sentiments sont vrais. J'avale la mélancolie des lieux et recrache de la joie.

Cette cambrousse obscure dans laquelle je m'envase, ce stade zéro du présent où le monde s'enlise, cette place remarquable d'un passé mortel, ce point de départ d'un avenir inexistant où personne d'autre que moi ne désirerait s'égarer, ce nulle part depuis lequel je puis percevoir l'infini, ce sommet ignoré de notre siècle enfin sur lequel je puis contempler l'Univers entier, se nomme tout humblement Clinchamp.

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vendredi 16 décembre 2022

1921 - Belle Lune

Lorsqu'elle est pleine, ronde, telle une boule d'éther dans l'encre de la nuit, avec son regard de glace, son front mélancolique et son air impénétrable, elle séduit ses élus.
 
C'est-à-dire nous les loups, les sangliers et les hiboux... Nous les égarés de ce siècle, nous qui sommes sortis des chemins balisés, nous qui préférons le vrai à l'artifice.
 
Sa présence est ambiguë, aussi pesante qu'aérienne. Comme une flamme trop douce pour être un feu, trop claire pour se réduire à un rêve.
 
Son globe de cendre et de miel pourrait s'apparenter à une ombre lumineuse ou à un spectre de pierre, à un oeil mort dans le ciel ou à une bulle de silence montant au firmament tout en dégageant un charme inquiétant sur notre Terre.
 
Cette chandelle n'éclaire véritablement que les toits de chaume et les âmes de plomb.
 
La Lune se reflète sur la paille, les tombes et les mares. Et pénètre le fond des êtres inspirés.
 
Elle est faite pour alléger les sabots et tenir compagnie aux solitudes, escorter les vagabonds et réchauffer les moribonds, lustrer les misères et illuminer les veillées funèbres.
 
Les coureurs des bois aux vies chargées de sens, les chantres de la simplicité et les coeurs alourdis de peines apprécient cette intruse mortuaire, ce visage nocturne, cette amie des heures profondes.
 
Pour nous les rats aux gueules de lumière, elle est bien plus qu'une bille qui luit bêtement dans les ténèbres, autre chose qu'une figure pétrifiée de nos insomnies, et quand vient le jour, encore mieux qu'une balle perdue dans l'azur.

A nos yeux, elle est essentiellement, tout bonnement et tout sobrement... belle.

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mardi 13 décembre 2022

1920 - Salades lunaires

Elle me manque, je l'attends comme j'attendrais une femme que j'aime et qui m'ignore.
 
Je brûle de folle poésie pour sa lumière de glace et sa face mortuaire, m'enfièvre d'amour pour ses apparitions nocturnes, m'enflamme de désir désincarné pour ses déserts de pierres et ses monts indolents.
 
La Lune que j'adore, qui est tantôt d'or, tantôt d'air, parfois dure, souvent froide mais toujours pleine d'art, qu'elle soit sombre, claire, âpre ou légère, la Lune disais-je, ne passe jamais au-dessus de ma tête sans que j'en sois touché chair et âme.
 
Indifférente à mes émois, elle s'allume le soir, brille la nuit, s'estompe avec le jour et me laisse veuf, désarmé, moi qui l'admire depuis toujours, les pieds dans mon potager, les pensées dans les nuages.
 
Entouré de mes carottes, choux-fleurs et haricots, je m'enracine alors dans mes rêves de conquête lunaire et imagine que je m'envole jusque dans l'éther où séjourne ma bien-aimée.
 
Et, les semelles bien posées sur la terre de mon jardinet, perdu dans mes rêveries de bonheur immatériel, le corps immobile, je la rejoins dans les hauteurs sidérales de mon esprit détaché des lourdeurs de ce monde où je végète en compagnie de mes plantations horticoles.

Et c'est ainsi que l'on me retrouve de temps à autre étendu entre mes sillons jusque midi, le visage dans les légumes, hagard et mélancolique, le regard fixant d'invisibles étoiles.

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jeudi 8 décembre 2022

1919 - Lettre à Reynouard

Monsieur,
 
J'ai été soulagé d'apprendre à travers votre lettre publiée sur FACEBOOK que vous viviez avec sérénité votre épreuve carcérale.
 
Vous ne reniez rien de vos convictions, de vos rêves, de vos thèses, seul face à l'iniquité d'un monde oppresseur, intolérant, dictatorial et injuste, ce qui est honorable de votre part.
 
Personnellement je ne crois pas un seul mot de ce pourquoi vous vous battez (avec vaillance, d'ailleurs), mais je défends et respecte votre droit inaliénable à l'éloquence.
 
C'est-à-dire, avoir l'assurance de pouvoir plaider pour des choses discutables, voire de se tromper. La permission de croire en des fables et de les divulguer. La possibilité de nier des évidences pour telles ou telles raisons, qu'elles soient valables ou non.
 
Et même l'autorisation, sans limite, de faire preuve de totale mauvaise foi.
 
Je souhaite protéger votre liberté de vous exprimer, ce bien fondamental dont on vous prive. Un acquit inviolable de la Révolution, prétendument chéri par la République et ses adeptes les plus acharnés. Mais qui en réalité est depuis trop longtemps bafoué par ceux-là mêmes précisément dont on serait en mesure d'attendre la plus grande bienveillance...
 
Le monde est imparfait, nous le savons bien, et les lois humaines ne seront jamais à la hauteur des idéaux des individus les plus remarquables de l'Humanité, dont vous faites partie. Vous incarnez la saine contradiction, l'ouverture de la parole, l'élargissement de la réflexion, et contribuez d'une certaine manière au progrès de la pensée.
 
Bien que je n'adhère nullement à vos points de vue audacieux, il est de toute façon toujours très intéressant de vous écouter. J'admire votre rhétorique aussi courageuse que lumineuse. Rien que pour cette raison votre propos, aussi contesté soit-il, a sa place légitime dans le concert mondial des idées, des avis, des théories, des sagesses et des folies, des réalités et des mirages, des humeurs et des raisons, des rires et des larmes...
 
Bref, votre place ne devrait pas être en prison mais sur une tribune.
 
Nul ne devrait impunément exercer ce pouvoir abusif, arbitraire, honteux de priver l'Humanité de votre intelligence au nom du triomphe des "vérités officielles", lesquelles sont souvent des doctrines douteuses, comme on le sait.
 
Sachez que vous n'êtes pas seul, si les opinions générales de la plupart des gens ont été forgées par les médias de gauche manipulateurs et totalitaires, il existe néanmoins un noyau dur d'âmes intègres, lucides et éclairées qui savent discerner le bon grain de l'ivraie.
 
Beaucoup de français vous soutiennent. Non spécifiquement pour le contenu de votre discours (on peut être d'accord ou non avec vos écrits, là n'est évidemment pas la question), mais pour cette flamme, cette hardiesse, cette exemplarité avec lesquelles vous osez défier "l'évangile des vainqueurs". Je souligne au passage cet esprit chevaleresque qui vous caractérise et que n'ont pas vos adversaires, parfois féroces et haineux.
 
Je n'ai pas peur d'afficher publiquement mon soutien à votre cause, pour les raisons citées plus haut (et je vais même publier cette présente lettre sur mon blog IZARRALUNE, ainsi que sur mon compte FACEBOOk). Je n'ai pas honte de vous compter parmi mes amis, si vous consentez à me faire cet honneur. J'en serais très fier. J'ai de l'estime pour les hommes de votre trempe qui assument jusqu'au bout leurs choix et portent leur croix sans chanceler.
 
Nous pensons à vous, nous les défenseurs du véritable humanisme. En tant que citoyens libres, nous estimons que nous devrions avoir le loisir d'examiner d'autres versions de l'Histoire, de souscrire à des dogmes différents que ceux imposés par les manuels scolaires, et nous serons à chaque fois aux premières loges pour dénoncer ces graves atteintes dont vous êtes victime de la part de la France, pays supposé garantir cet avantage, cette priorité, ce bénéfice d'exposer sans retenue vos vues historiques personnelles, quelles soient vraies ou fausses...

Je souhaite de tout cœur que votre cas soit révisé, votre libération prompte et votre nom réhabilité.

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lundi 5 décembre 2022

1918 - MARGUERITE OU L'HISTOIRE D'UNE VIEILLE FILLE

Aux lecteurs alléchés nous aurions pu présenter Marguerite, le sujet central de cette histoire, comme une superbe quinquagénaire.

Une femme mûre avec de beaux restes de rêve, faite pour réveiller les appétits de l’homme blasé. L’incarnation éclatante, dorée au soleil de l’expérience, d’un l’idéal féminin qui n’en finit pas de produire des fruits savoureux au fil des ans... C’est-à-dire, dotée des charmes de la jeunesse miraculeusement prolongés au-delà de ce qui est ordinairement permis. Bref, nous aurions assuré que cette Marguerite-là se déployait tel un papillon de salon destiné à éblouir durablement les mâles. Avec tous les espoirs qu’un tableau si parfait pourrait susciter chez les adeptes du romantisme éternel.

De quoi bien commencer le récit de cette étincelante aventure logiquement vouée à se terminer en un feu d’artifices qui ne devrait raisonnablement pas s’éteindre de sitôt dans vos coeurs, vous qui lisez ces mots...

Sauf que nous serons plus près de la vérité en annonçant les vraies couleurs de la “créature” : proche du monstre, loin de vos illusions.

1 - CHOC HORMONAL

C’est la légende du pire et non du meilleur que vous allez lire ici. La folle comédie d’un hymen né pour la misère, la sinistre figure d’une guenuche conçue pour un inaccessible bonheur. Et qui devra se contenter des miettes à portée de sa bêtise. En effet, ce plaisant laideron au destin aussi prodigieux qu’acerbe, héroïne de ces écrits acides et noires merveilles, n’avait pas la totale conscience de ses limites. Le mince pouvoir de séduction de ce chardon en chignon paraissait flagrant. Un simple "détail" selon son propre décret. Un sujet secondaire, une moindre chose pas assez sérieuse pour que ses potentielles conquêtes daignassent s’y attarder...

Se croyant appétissante sous d’autres allures, la fleur flétrie nommée Marguerite comptait bien faire payer à ses futurs amants un prix immodéré pour l'accès à ses flasques trésors.

Ne fût-ce que par son seul statut de femme, cette herbe sèche pensait représenter un objet de convoitise auprès de la gent virile, qu’on le voulût ou non, et pouvoir sans effort se hisser sur un trône imaginaire aux côtés de Vénus. Quoi qu’elle fît, sous prétexte que son flanc était demeuré sans tache et son intimité en attente de saillies, elle restait persuadée de faire partie des élues prioritaires de l’alcôve.

Resplendissante de ridicule, bien à sa place dans son rôle phare de naufragée du monde moderne... Pitoyable et drolatique singerie de l’amour !

Evidemment, l’hypocrite gargouille avait de tout temps mis son insuccès sur le compte de la préservation de sa vertu. Ses froideurs à l’égard des hommes ayant toujours été farouchement érigées en flèches glorieuses destinées à l’écarter de l’enfer de l’impiété et de l’ordure du plaisir illégitime. 

Mais après des décennies d’abstinence, tenaillée par la rage du désir, le naturel avait fini par rattraper ses chimères. Et la vierge pieuse, forcée par les lois majeures de ses hormones en ébullition et de ses pensées chauffées à blanc (ces dernières commençant à se dérégler), avait décidé de devenir la plus honorable des putains.

Ni ses missels ni ses « pratiques honnêtes » n'avaient su contenir le volcan qui grondait en ses flancs depuis ses premières règles. Il avait bien fallu qu'elle se rendît à l'évidence, à plus de cinquante ans : le diable de la lubricité hurlait en elle. Les nerfs éprouvés, les humeurs fermentées, ses fantaisies tournant aux plus délicieux des cauchemars libidineux, succomber au péché était devenu une question de santé. La raison lui sembla on ne peut plus légitime.

Couverte par cette excuse, elle pouvait désormais se vautrer dans les turpitudes charnelles qui la hantaient en secret. Le siècle l'absolvait.

Elle se devait de prouver à tous son « humanité ».

A travers son imperfection, sa « chère imperfection » aimait-elle à répéter non sans orgueil, l'immodeste oie blanche voulait montrer à quelle hauteur d'humilité elle était parvenue en empruntant le chemin des concessions, marche après marche… Elle tirait gloire de ses infirmités morales, comme un gage de pauvreté devant Dieu et un aveu d'authenticité devant ses semblables.

Elle avait trouvé là une forme subtile, tordue et toute personnelle de perfection qui arrangeait bien ses affaires... Ce qui lui permettait de donner libre cours à ses pires penchants, le cœur bien pourri mais l'âme légère. 

S'accepter aussi misérable que possible la remplissait de satisfaction malsaine. Elle se sentait grandie en assumant de se rouler dans la fange, que ce fût par faiblesse ou par opportunisme. Ou pour de bien pires raisons...

De la même façon qu'un martyr accepte l'enfer de son sort terrestre par amour du paradis convoité. A la différence que la misérable voulait jouir ouvertement de sa condition de pécheresse...

Bref, se croyant dédouanée par le Ciel du fait de sa position « privilégiée », elle se résolut sans aucun remords à sauter à pieds joints dans le gouffre insondable de sa sottise.

2 - NOUVELLE TOILETTE

La porte de sa liberté sexuelle étant grande ouverte, elle se précipita avec ardeur et en toute indécence dans un bazar de vêtements de mode bon marché, l'énorme crucifix encore bien en vue entre ses mamelles absentes. Consciente de la nécessité de réformer son existence au nom de la sauvegarde de son intégrité mentale, elle n'en chérissait pas moins ses dévots ornements. Il ne s'agissait nullement de renier sa flamme religieuse, loin de là. C'était plus pervers encore : elle pratiquait la religion de l'ostentation en toutes choses, que ses intentions fussent claires ou obscure, franches ou troubles, saintes ou dépravées. L'essentiel pour elle était de faire son théâtre. 

Rien ne pouvait plus entraver son fol élan vers la déchéance. Avec sa fortune patiemment accumulée de rentière avaricieuse, elle avait de quoi se parer des pires atours afin de plaire aux hommes de son choix, c'est-à-dire à personne.

Voulant s'embellir, elle s'enlaidit tout à fait.

Et pour fort cher, finalement ! Ses goûts vulgaires, ses braises obscènes, son manque de discernement l'avaient transformée, au sortir du magasin, en véritable maquerelle. Tous les codes du genre y avaient été involontairement adoptés. Ne se rendant nullement compte de son image grotesque, l'immonde poupée de strass alla parfaire sa décrépitude chez le coiffeur. Elle en ressortit avec une tête hideuse faite d'un mélange de traits ingrats et de mèches d'or puériles, risibles, qui la déparèrent totalement. A sa disgrâce naturelle, elle avait ajouté de la laideur artificielle. Le tout donnant à sa face, à sa silhouette un aspect criard, inauthentique, esthétiquement choquant, outrageux. Précisions que, désireuse de mettre en avant la disponibilité soudaine de son hymen aux yeux des galants, la croix pectorale avait disparu sous la dentelle de son chemisier au goût douteux. Fin prête pour le grand saut dans l'abîme des plus sombres embrasements, elle espérait le vertige. C'est ainsi accoutrée qu'elle s'empressa de rejoindre son foyer de vieille fille. Et là, sans pudeur, tout à son aise, elle se farda outrageusement. Puis s'admira longuement face à son miroir, heureuse de sa transformation. Comme une vache osseuse qui se serait changée en rutilante morue.

3 - TENTATIVE DE SÉDUCTION

Sa première nuit de « femme désirable » (mais non encore désirée) fut peuplée de songes immodestes, enflammés, scandaleux. Elle s'y voyait déjà ! Entourée d'éphèbes imaginaires aux regards enfiévrés, elle rêva de chevauchées lubriques improbables, fantastiques, répugnantes... Ses fantasmes lui avaient fait perdre tout sens de la mesure et surtout, surtout, tout sens de la réalité : elle s'était enfoncée davantage dans l'illusion d'être séduisante. Elle se croyait irrésistible. Et elle l'était en effet : dans la clownerie involontaire. Définitivement pitoyable sous sa vieille peau de dépravée en mal de coïts de cirque, avec son maquillage de gugusse... La cosmétique hurlante débordait, dégoulinait, vomissait de ses orbites de déjà morte, de ses lèvres pincées, de ses pommettes anguleuses. Comme un crâne que l'on aurait peinturluré afin de le rendre encore plus affreux et macabre.

Au réveil, parfaitement conscience que des lustres de vertueuse abstinence allaient être sacrifiés, en toute justification, sur l'autel de son hygiène mentale, elle se leva triomphante, comme si elle n'attendait que ce jour depuis sa lointaine puberté... A la vérité, l'infâme bigote était plus préoccupée par le stupre lui-même que par l'équilibre de ses humeurs, la propreté de ses idées.

Elle choisit de se rendre dans la ville voisine où nul ne la connaissait, afin d'y exercer ses charmes cadavériques. Pour ce baptême du feu (et de l'ordure), elle porta le même déguisement indécent que la veille. Allié au grimage outrancier qui allait si bien avec...

Puis, parada dans la rue principale de la cité, affublée de ses odieux atours, bien décidée à remporter sa première « palme du bonheur » lors de cette pêche à l'amant... D'allées en venues, elle s'exhiba toute l'après-midi devant les commerces, les demeures bourgeoises, les passants, dans une espèce de chorégraphie nuptiale incongrue, maladroite, déplacée. Et fit sensation. Comme un sapin de Noël au milieu d'un champ de betteraves. On ne vit plus que l'horreur de sa toilette, la lourdeur de ses effets, la misère de ses faux éclats. Bientôt il ne fut plus question que de la vision de cette verrue lustrée déambulant dans l'artère principale de cette sous-préfecture où, ordinairement, le moindre événement prend des proportions démesurées. Avec cette apparition, ce fut un séisme. On se retournait sur son passage, choqué, moqueur, consterné. Et les commentaires allaient bon train. Evidemment, aucun cavalier n'alla tomber dans la toile de l'araignée. Et à l'issue de cette première journée de tentative de conquête amoureuse, toute étonnée de n'avoir point été abordée par quelque fringuant moustachu, elle s'en retourna chez elle, fatiguée, dubitative, quoique fort heureuse de cette sortie en grande pompe signant son entrée fracassante dans le monde des « repus de la chair ». Bien qu'elle restât affamée de sexe, l'hymen toujours aussi creux qu'au matin.

4 - REVUE DE VIE

Contrairement à l'homme qui est un chêne, la femme qui n'est qu'une fleur vieillit toujours mal. Sauf que Marguerite, plus proche de la ronce putride que du pimpant pétale, avait toujours été égale dans la disgrâce. Le temps sur ses traits repoussants demeurait sans effet. Piètre avantage dont elle n'avait d'ailleurs nullement conscience. Elle pensait au contraire pouvoir profiter de sa « verdeur capitalisée », comme si l'usage des rires, des plaisirs naturels et de la joie gâtait les jeunes natures... Et que leur rétention prolongeait les fraîcheurs de l'âge vernal... Elle revoyait ses années de solitude passées dans la dévotion. Et se glorifiait de n'avoir jamais succombé à la souillure, satisfaite de cette existence de renoncement qui lui conférait, au moins à ses yeux, une très haute valeur en tant que « vierge de choix ». Néanmoins elle n'oubliait pas que durant cette période d'intense piété, son horizon céleste ne s'était pas totalement maintenu au bleu fixe. En effet, partagée entre la joie amère de son célibat et la jalousie à l'égard de ces femmes qui jouissent sans entrave des plaisirs de la vie, elle s'était souvent demandé si elle ne perdait pas ses plus beaux jours à chanter le Ciel dans l'ombre des églises... Cela dit, dans l'absolu le résultat revenait au même puisque, pieuse ou non, jamais elle n'aurait pu porter les joyaux pétilants de l'érotisme. Même si elle l'ignorait, sa laideur la condamnait.

Cependant, aussi paradoxal que cela puisse paraître, elle avait connu des nues radieuses dans son olympe de rombière, certes sclérosée au fond de sa province mais loin des vacuités du monde, si près de ses idéaux de bonheur désincarné... Et c'est en toute sincérité qu'elle avait goûté à cette joie âpre, sans arrière-pensée ni aucune malice. Elle se remémorait ces années bénies où, emportée par le vent de l'ivresse divine, elle sentait que des ailes l'allégeaient, que des sentiments sacrés l'illuminaient, que l'humble extase de la messe dominicale suffisait à combler son être d'authentiques délices... Notamment lorsqu'elle écoutait les chants rituels qu'accompagnait l'harmonium. Elle avait même la nostalgie de ces moments de pureté récompensés par tant de bénédictions... Oui elle avait été heureuse, à sa manière, seule et exclue, réfugiée dans sa virginité comme sur une île déserte. Entourée de l'immensité de l'océan, avec la vue sur l'infini. Isolée, abandonnée mais inondée par les clartés du ciel et de la mer. Son horizon sans borne à elle, c'était son feu de cheminée, ses promenades au cimetière, son jardin qui ponctuait les saisons, enfin c'était également la splendeur mystérieuse du firmament au-dessus de son toit.

L'âme humaine n'est jamais faite tout d'un seul bloc. En réalité des nuances très subtiles, parfois contradictoires, constituent ces natures inattendues que nous sommes tous à divers degrés. Marguerite illustrait parfaitement cette vérité. D'autant mieux que les apparences les plus crues avaient facilement trompé les rares observateurs qui s'étaient penchés sur son cas. Ceux qui prétendaient connaître Marguerite la connaissaient fort mal. Ils faisaient vite une caricature de ce sujet d'une complexité insoupçonnée.

Elle songeait ainsi à son passé d'esseulée, de naufragée volontaire de l'amour, mais fut vite sortie de ses rêveries : la fièvre de sa féminité lui rappela l'urgence de sa situation. Elle voulut rebondir sur l'échec de sa première expédition amoureuse. L'incendie rongeait ses nerfs. Elle avait soif d'assauts virils et de flots de foutre ! Pour le lendemain, elle devrait preuve d'une incroyable audace si elle voulait devenir le réceptacle à mâles digne de son éternelle attente.

5 - SAILLIE PAR UN NÈGRE 

Plus que jamais motivée dans ses desseins concupiscents, le matin suivant, alors qu'elle s'était rendue cette fois dans le parc de l'autre ville, là-bas un inconnu l'aborda de façon brutale, en un braillement irrespectueux à peine articulé, comme si un quadrupède beuglait sur une chamelle. Le cri d'un bourricot à l'adresse d'une bête de somme. Cet âne en gros sabots qui l'interpellait de la sorte était un Noir, ivre, débraillé, désinvolte, inquiétant... Mais néanmoins bien bâti, masculin, de moeurs faciles, susceptible de désaltérer la carne desséchée de l'affreuse esseulée. Entre ces deux bipèdes-là, tout commençait de toute évidence comme une idylle animalière. Pour la première fois dans sa longue vie de chasteté, elle recevait un signe d'intérêt de la part d'un représentant du sexe opposé. Certes ce soupirant était hagard, imbibé d'alcool et peu regardant sur la qualité de ses convoitises, mais peu importe, c'était un cerf, un producteur de semence, un arroseur de roses enfin. Marguerite se prenait toujours pour une oeuvre de choix, surtout avec ses artifices vestimentaires décadents et son maquillage chargé. L'Africain considérait toute femme blanche comme un trophée, qu'elle fût banale ou séduisante. Voire franchement repoussante. D'ailleurs quelle différence à ses yeux ? Une Blanche était une Blanche, c'est-à-dire un objet de valeur à conquérir, le symbole de la réussite sociale, la richesse ultime à acquérir lorsqu'on émigre vers l'Europe. Abruti par les brumes de la boisson, le prétendant envisageait d'accéder à une autre ivresse, plus intime, émoustillé à la vue de cette vieille pintade attifée comme une autruche de carnaval. Marguerite s'approcha du gaillard, se présenta en termes choisis comme une célibataire en quête de découverte amoureuse. Sur quoi l'ivrogne lui fit comprendre en quelques grognements significatifs qu'il était l'homme de la situation et, ouvrant sans façon sa braguette, en sortit une énorme, longue, massive verge turgescente ! Surprise, paniquée, émerveillée, suffoquant d'indignation tout en soupirant d'admiration, ne sachant que faire, elle demeura pétrifiée. Tout était arrivé si vite, sa vie de névrotique abstinente allait se dénouer si précipitamment, si grossièrement, si prosaïquement ! Mais après tout, n'était-elle pas venue se jeter dans la gueule de l'ogre pour cela, précisément ? Ce qui se passa dans le jardin public ce matin-là, au fond d'un fourré, fut à la hauteur d'un inimaginable roman, le pire de tous et le plus extraordinaire à la fois : celui de la vraie vie. Des ébats immondes et sublimes, salaces et poétiques, bestiaux et romantiques eurent lieu dans le secret des buissons. 

Elle ramena cet amant improviste dans son foyer. Le tout premier luron à atterrir dans sa cellule de nonne. Elle lui fit faire ce voyage extraordinaire de la Terre du XXIème siècle jusqu'à sa bulle de recluse. Le congoïde, hilare et ravi de l'opportunité, réclama bientôt à manger. Trop heureuse de nourrir un affamé de sexe à la mesure de ses femelles appétits, elle lui proposa ce qu'elle avait de mieux : patates, pommes et pain. Le festin fut festif. A l'issue de ces triviales ripailles, les deux tourtereaux convinrent très solennellement à une durable et sérieuse union. Ce qui fut vite et bien fait, quoique rien ne prit un caractère officiel dans cette grave affaire car désormais il n'y avait plus de temps à perdre mais l'essentiel à rattraper. L'heure n'était plus aux artifices des sempiternelles séductions et mièvres promesses de fadaises, mais à la charnelle action. Les deux oiseaux s'étaient trouvés : l'un et l'autre avaient une égale avidité pour les graines de la luxure.

Leur envol vers les pics de l'impudeur et du mauvais goût s'annonçait fulgurant.

La débauchée fut présentée dès le lendemain à l'entourage du Nègre telle une prise de guerre conquise en terre blanche. Le triomphe de l'immigré fut total. Tous trouvèrent aimable, distinguée, solaire la laide et stupide femme. Pour la seule raison qu'elle était de race caucasienne. La renommée de l'exogène était faite : en séduisant cette Blanche-Neige il avait atteint le graal de tout exilé ciragé qui se respecte. En gagnant l'hymen de cette « beauté » laiteuse, l'enfant de Cham venait d'obtenir son diplôme de passage pour le paradis blanc.

C'est ainsi que, placée sur un piédestal inespéré, elle brillait autant qu'un caillou sur un tas de charbon. A travers le regard vainqueur du grand méchant loup qui l'avait étreinte, elle se sentait reine. Et trônait désormais non plus sur les toiles d'araignée sans mystère de sa maison mais sur un royaume de marécages flatteurs et d'égouts prometteurs. Un nouveau monde à explorer.

Elle entreprit donc de partir à l'aventure des sens sans plus tarder, la chair déjà bien avivée par les premiers orages de la veille...

Les jours suivants elle expérimenta donc les sommets les plus élevés de la sensualité. Mais aussi les gouffres puants du vice. Rien de ce qui en ce monde était censé incarner les « folies amoureuses » ne devait lui être étranger. Elle voulut goûter absolument à tout ce qui était connu dans le « palais de l'amour humain », à chaque étage. Des rats dégoûtants de la cave jusqu'à l'écume aérienne crachée par la cheminée. Du purin aux nuages. Elle passa ainsi sans nuance des plus poisseuses pesanteurs du corps aux plus sirupeuses légèretés intérieures, allant et venant dans la même journée entre les crudités de sa crapulerie et les puérilités de sa sensibilité. Elle s'adonna sans honte à toutes ses passions utérines autant qu'à ses fumées sentimentalistes. Ce fut une orgie de pratiques sexuelles fangeuses mêlées d'écoeurantes mièvreries romantiques. Le mélange improbable, outrancier et grotesque de la merde et de la guimauve. La niaiserie et l'infamie versées dans une même bassine de vulgarité.

6 - SAUVER LES APPARENCES

Après avoir sondé les tréfonds miasmatiques de la licence et du déshonneur, rassasiée de vins infernaux, la quêteuse de ténèbres voulut remonter dans les neiges de la respectabilité citadine. Et ce, afin de continuer à y afficher les blancheurs mensongères de son image publique. Complaire à son épicier équivalait pour elle à une sorte de rédemption. Le plus important était d'être dûment intronisée dans la boutique emblématique du boulevard où pouvait se reconnaître toute ménagère convenable. Cela suffisait, à ses yeux, pour garder la tête haute. Elle pouvait conserver ainsi des dehors honnêtes. Et même arborer des airs supérieurs.

Accompagnée de son chevalier à l'épiderme exotique qui lui tenait le bras comme le crève-la-faim s'agrippe furieusement à son gros pain acheté à la boulangerie du coin, elle se promena en ville en espérant secrètement éveiller l'envie auprès des mères de famille. Elle n'inspira que pitié et moqueries.

Elle devait avant tout, elle le croyait religieusement, attester devant chaque vitrine, chaque échoppe, chaque carrefour, qu'elle était restée intègre. Autrement dit, vieille pucelle.

Il fallait qu'elle arpente les trottoirs avec dignité en portant un masque persuasif. Un profil factice qui devait faire office de visage permanent. Bref, cyniquement au courant des rouages de la société, elle estimait que la reconnaissance dépendait directement de l'épaisseur de son vernis. Il lui suffisait d'insister sur ce seul point, rien ne pouvait être plus utile que l'exhibition de ses surfaces clinquantes. Ses profondeurs, elle les réservait à des causes exclusivement célestes. Une toute autre affaire... A revisiter en des circonstances plus congrues.

Mais revenons sur terre. Convaincre les éventuels incrédules avec des mirages éloquents revenait à gagner en toute légitimité une belle médaille à ce jeu universel de l'hypocrisie. Pourvu qu'elle goûtât aux effets bénéfiques de ce mensonge bien intentionné, la danse de ce bal tournait dans le bon sens.

L'entreprise manquait certes de noblesse, néanmoins le raisonnement sonnait juste.

(Á SUIVRE)

mardi 29 novembre 2022

1917 - Récoltes lunaires

Lorsque les lourdeurs de ce siècle m'accablent, mon esprit s'envole vers la Lune pour s'y promener sur son sol d'argent.
 
Là-bas, je me retrouve en plein silence dans un océan de paix, sondant des paysages de pierre, voguant sur des flots immobiles d'une éternité brillante.
 
Mais c'est aussi un monde tranchant et mortel où l'ombre est de glace et le jour de feu.
 
Tel un paysan sélénite, je contemple alors les champs de poussière qui étincellent au soleil, heureux de cette permanente moisson de lumière dédiée aux inutiles de la Terre, esthètes déconnectés du réel, traîne-savates et autres semelles crottées qui, comme moi, chantent les beautés aiguës de l'astre vérolé de cratères.
 
Et je m'évade dans ces prairies figées, ivre de bonheur, assoiffé d'immensités mélancoliques, cheminant entre monts adoucis et plates étendues, inlassablement, émerveillé par les clartés de ce royaume de désolation.
 
Je m'égare dans ce désert couvert de régolithe, cette neige lunaire qui blanchit tous les chemins.
 
Avec, au-dessus de ce paradis de mort, un ciel d'encre perpétuel. Et devant moi, des horizons aux promesses d'éternelle pétrification.
 
Je me perds dans ces plaines semées de fantasmes tandis que l'écume de roche virevolte sous mes pas...

Et j'emporte dans mes bottes les éclats inextinguibles de cette vaste cendre qui ressemble tant à de la poudre d'or.

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vendredi 25 novembre 2022

1916 - Je suis français de souche

Je suis français et tiens à le faire savoir au monde entier !
 
Fruit de mille ans d'Histoire, je suis l'enfant des rois, le fils des âges immémoriaux, l'héritier d'une civilisation chrétienne, l'ennemi de la République, l'adversaire de ce siècle, l'épée dressée contre les mensonges en vogue.
 
Je ne veux pas que la France devienne le sillon des ténèbres, le dépotoir de tous les délires, la mare des diables de la gauche.
 
Mon pays est avant tout croyant, couronné, brillant. Ses traditions sont nobles, sages, belles.
 
La Révolution fut un furoncle sous le soleil de Versailles, un outrage fait à l'Humanité, un crime contre les lois divines !
 
Mon sang est aussi bleu que le ciel, mon âme légère comme la dentelle de pierre des cathédrales, et mon coeur bat plus fort à l'intérieur de nos frontières !
 
Ma patrie est celle des gens honnêtes, braves et pieux. C'est la campagne sacrée de mes ancêtres. La terre  riche des chevaliers, le royaume éclatant des beaux esprits et le séjour paisible des bons sujets du roi...
 
Un paradis perdu peuplé de paysans, d'aristocrates et de troubadours. Un patrimoine de châteaux, de clochers et de jardins fleuris de roses qui m'est cher et que je pleure aujourd'hui face aux ravages du béton et du progressisme.
 
Avec, dans l'azur de la pensée générale, des rêves de bonheur à la mesure du peuple des Francs.
 
Il faut dire que le regard des descendants des gaulois, dans ces temps de vérité, convergeait universellement vers les clartés célestes.
 
Avant l'avènement de la Gueuse, l'ordre régnait.
 
Il y avait chez nous Dieu et les hommes.

Avec, pour toute lumière dans les têtes, la douce folie des anges.

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jeudi 24 novembre 2022

1915 - Lune mortuaire

Elle est là, avec son disque de lumière, pleine de sa présence de plomb, aussi fluide qu'une plume, éclatante comme une vérité de feu au coeur de la nuit.
 
Elle irradie, irréelle, à l'image d'un soleil onirique.
 
La Lune est un rêve de pierre, une pensée dans le ciel, une flamme qui glace notre monde.
 
Son visage crevé de cratères fixe la Terre et les hommes qui la peuplent. Certains d'entre eux y voient des signes mystérieux, d'autres des airs familiers.
 
Moi je perçois sur sa face une neige infinie. Une écume de mort. Un froid létal d'une pétrifiante beauté.
 
Le régolithe brille sur sa surface, semblable à un fard morbide et sublime.

C'est cette poussière blanche et funèbre recouvrant son sol qui lui donne cet aspect de majesté mortuaire, pareils aux cheveux de cendre de nos vieillards qui, proches de la tombe, sont irrésistiblement attirés par des promesses d'éternité.

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1914 - Clinchamp, cité des oubliés

Je rêve de venir m'enterrer sous le ciel tombal de Clinchamp, cette localité peuplée de morts-vivants qui semblent eux-mêmes ignorer qu'ils sont au paradis des ploucs.
 
Leur séjour hors du fracas moderne est un éden consistant en une impasse de terre et d'azur, un gouffre de silence et d'inertie, un océan de léthargie contemplative, et pour finir, une mare de rêves aussi paisibles que statiques...
 
Entre boue et verdure, bois communs et humbles foyers, ce village qui tourne inlassablement en orbite autour d'un siècle révolu s'est définitivement perdu vers de mortels crépuscules.
 
Dans son voyage suicidaire vers une utopie à la hauteur de son clocher, il a depuis longtemps accosté les rives plates de l'immobilisme rural.
 
Bref, ce cimetière hanté par des fantômes en sabots ressemble à un terminus mortuaire de la vie provinciale.
 
Mais à côté de ces lourdeurs, c'est aussi -du moins à mes yeux-, un étang de joies ternes et rustiques. Un marécage de bonheurs désuets sur lequel voguent les âmes simples et sans histoires des lieux... Un jardin de fleurs séchées, totalement ignoré du monde, qui m'attire ainsi qu'un oiseau fatigué vers une branche morte où se poser.
 
Je vois cet endroit au décor improbable, ce paysage au visage sans nom, cette campagne aux allures de néant, comme le dernier asile de mon existence lassée des mondanités, des fumées et autres vacuités que m'inflige le sort.
 
Je n'aspire plus qu'à me reposer loin des artifices de la ville et du progrès, vivre des jours authentiques pleins de clarté, de franchise, de fraîcheur.
 
Me retirer dans cet univers reculé où jamais rien ne se passe. Et où tout ce qui s'y attarde prend racine.

Enfin, retrouver les heures glorieuses de la Création, à l'image de ces aubes originelles que l'on voit apparaître chaque matin, là-bas, dans les brumes de Clinchamp, ce pays obscur aux funèbres pesanteurs et, paradoxalement, source secrète de toutes les lumières.

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mercredi 23 novembre 2022

1913 - Clinchamp, l'air de rien

Clinchamp est un rêve perdu à la beauté âpre, un éden austère aux promesses d'agonie, un long crépuscule aux lendemains sans surprise...
 
Un jardin de vent semé de solitude, chargé de cailloux, enrichi de brume.
 
Et fleuri d'aubes humides, illuminé de clartés ambigües, agrémenté d'éclatante grisaille.
 
Le tout, généreusement arrosé de mélancolie.
 
Avec pour seul allégement, un ciel peuplé d'oiseaux sombres.
 
Le paysage, apathique, dénudé, monotone, n'est qu'un râle infini. L'atmosphère est celle d'un cimetière : dans cette campagne moribonde la paix règne en maître et le silence est aussi lourd que des montagnes.
 
Là-bas l'absence rempli tout et la mort semble être l'unique souffle présent au bord des chemins ou au fond des bois.
 
Un monde sans histoire mais plein de sens pourtant, avec son océan de langueurs comme une éternité de quiétude, ses airs de modestie sous l'immensité de son espace et ses horizons bien plus vagues qu'ailleurs...
 
J'ai succombé au charme glacial de ces lieux, comme tous les amoureux des terres sans gloire.
 
Je suis un assoiffé de lumière épris d'ombre, de nuages et de grêle. Un fou d'azur en quête de pluies, de bruine, de flots aériens : je rêve de ces ondes fraîches qui palpitent dans les hauteurs pour mieux revigorer la vie d'en bas. En tombant sur ma tête ces averses abreuvent mon âme d'une joie sans égale et provoquent en moi une ivresse aussi pure que la neige.
 
En ce pays lointain j'ai trouvé de quoi déployer mes ailes : ce royaume aux apparences de vastes banalités est un jour à conquérir, un brouillard à éclairer, un songe à déterrer.
 
Un soleil sous l’humus.

Une page vierge à la mesure de ma plume.

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jeudi 17 novembre 2022

1912 - Clinchamp, sommet du monde

Lorsque je me rends à Clinchamp, je me retrouve sur une terre de nuages, les pieds posés sur un sol céleste, le regard plongé hors des siècles, loin de tout, proche des songes.
 
Ce village perdu dans des espaces sans fin et emporté par tous les vents est mon pèlerinage onirique, le sommet de mes plus humbles quêtes, le point culminant de mes jours simples, entre océan de verdure et ciel éblouissant.
 
Tout autour de ce maigre bourg, c'est le grand vide : des étendues d'air et de lumière, un désert rempli d'azur, l'infini à portée de vue.
 
En cet endroit reculé de la Haute-Marne le paysage et ses demeures forment un univers clos. Peuplé d’obscurs bipèdes, anonymes humains aspirant à devenir des petits dieux en sabots. Et pourtant jouets des forces majeures qui les dépassent... Mais également accessibles aux plus mineures satisfactions de l’existence.
 
Ce pays inconnu et lointain est un monde à part, avec ses destins prévisibles et ses fronts mornes, ses idées ancestrales et ses lois immuables, ses bois enracinés dans les légendes et ses toits séculaires, ses journées dominicales et leurs ambiances névrotiques, ses ombres et ses éclats, ses vastes pluies et ses petites gloires... Une sorte de Cosmos à l'échelle du clocher culminant vers de vertigineuses platitudes, à la mesure des habitants isolés et des chemins les menant dans des avenirs de poussière...
 
L'incarnation d'un passé terne et enterré qui s'attarde dans son trou ou bien d'un présent radieux qui brille comme un soleil, selon les critères de chacun...
 
Le commencement du réel et toutes les richesses de la mort. La source de l'étonnement et le début de la vie.
 
Bref, le néant absolu pour les blasés, la joie totale pour les éveillés.
 
Mais je sais que là-bas, ce ne sont rien que des profondeurs qui allègent le coeur des hommes et bercent les oiseaux. C'est le jardin des rêveurs et le lieu d'ivresse de la gent plumée.
 
Pour la plupart des visiteurs, on y trouve toutes les raisons de fuir. Pour les autres, de s'y éterniser. Les premiers ont des lourdeurs dans la tête, les seconds des ailes.
 
Dans cette immensité entourant la modeste commune dont vous avez déjà oublié le nom, volent les esprits, voguent les âmes et se reposent les gens sans histoire.
 
Les êtres silencieux ne sont-ils pas les plus heureux ?
 
Ce sont des voyageurs de l'éther qui, comme moi, habitent dans les hauteurs sans jamais le dire à voix haute. Ces choses-là, toutes en finesses, ne s'avouent qu'à mots couverts, tant elles se heurtent à l'incrédulité des lourdauds.
 
Sous les nues, en pleine clarté, à l'aube, à midi comme au crépuscule, étendu dans l'herbe, je contemple la Création dans la paix d'un éternel dimanche.
 
Et je ne suis plus qu'une flamme, les yeux dirigés vers des heures bleues et des horizons purs.

A l'image de cette cité aux apparences anodines dont nul citadin n'a jamais entendu parler, je crois que le vrai bonheur n'est jamais spectaculaire.

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Liste des textes

2150 - Voyage vers Mars
2149 - Galaxies
2148 - Je suis de la droite honteuse
2147 - Les écrivains sont des poids morts
2146 - L’héritage de Clinchamp
2145 - Clinchamp, une histoire sans fin
2144 - Vent de mystère à Clinchamp
2143 - Ma cachette à Clinchamp
2142 - Randonnée à Clinchamp
2141 - Eclipse de Lune à Clinchamp
2140 - Un arc-en-Ciel à Clinchamp
2139 - Clinchamp sous l’orage
2138 - J’ai rêvé de Clinchamp
2137 - Jour de l’An à Clinchamp
2136 - Vacances d’été à Clinchamp
2135 - Attente à Clinchamp
2134 - Un jour ordinaire à Clinchamp
2133 - Or de France
2132 - La compagne des esseulés
2131 - Loup de lumière
2130 - Spleen
2129 - Le pitre
2128 - Les corbeaux de Clinchamp
2127 - Un homme heureux à Clinchamp
2126 - Le mouton
2125 - Des lutins à Clinchamp ?
2124 - Je suis fort !
2123 - Paroles prophétiques
2122 - L’égalité entre les hommes est injuste !
2121 - L’idéaliste de gauche
2120 - La femme est la monture de l’homme
2119 - Clinchamp sous la neige
2118 - Le Nord et le Sud
2117 - Pourquoi j’aime Clinchamp ?
2116 - Convaincre Blandine
2115 - Un couple de vieillards à Clinchamp
2114 - Le facteur de Clinchamp
2113 - Tristesse et beauté à Clinchamp
2112 - L’Art
2111 - Botte à l’oeuf
2110 - Les bûcherons de Clinchamp
2109 - Le coucou de Clinchamp
2108 - BFMTV : l’écran de la vérité
2107 - Lettre anonyme
2106 - Je ne suis pas amoureux de Paris !
2105 - Un jour d’hiver à Warloy-Baillon
2104 - La femme soumise brille comme une casserole
2103 - Les chouettes de Clinchamp
2102 - Quand la tempête s’abat sur Clinchamp...
2101 - L’aile et la pierre
2100 - Mes amis les maudits
2099 - Le brouillard de Clinchamp
2098 - Artiste de gauche
2097 - L’éternité dans la tête
2096 - Toussaint à Clinchamp
2095 - Chagrin échappé
2094 - Clinchamp-sur-Mystère
2093 - Les cafards
2092 - Loup des airs
2091 - Le loup de Clinchamp
2090 - En latin, c’est plus beau !
2089 - Les patates de Clinchamp
2088 - L’enfant des airs
2087 - Ciel de France
2086 - Thaïs d’Escufon
2085 - Les tomates de Clinchamp
2084 - Jérôme Bourbon
2083 - Les chats de Clinchamp
2082 - Poupée d’ailleurs
2081 - Pierre de feu
2080 - Les champs de Clinchamp
2079 - L’éclosion
2078 - Vacuité des bouquinistes
2077 - Les toits
2076 - Freud
2075 - Sport
2074 - Le simplet de Clinchamp
2073 - Les oiseaux de Clinchamp
2072 - Je ne suis pas cartésien
2071 - Au cimetière de Clinchamp
2070 - Le Panthéon pour Hugo, l’évasion pour Izarra
2069 - Les rats de la France
2068 - Le curé de Clinchamp
2067 - Mon trou à Clinchamp
2066 - Saint-Léonard-des-Bois
2065 - Les cloches de Clinchamp
2064 - Un épouvantail à Clinchamp
2063 - Les rêves de Clinchamp
2062 - Je suis raciste
2061 - L’injustice sociale ne me choque pas
2060 - Les femmes de Clinchamp
2059 - Les jours vides de Clinchamp
2058 - Une grand-mère
2057 - Clinchamp vers 1970
2056 - La femme de soixante ans
2055 - Sale temps à Clinchamp
2054 - Un grand voyage en forêt
2053 - L’ailé et l’aliéné
2052 - Souvenirs lointains
2051 - Domestication d’une greluche
2050 - Déprime à Clinchamp
2049 - L’amour à Clinchamp
2048 - Les Droits de l'Homme, c'est la négation de l'homme !
2047 - Les hivers de Clinchamp
2046 - Les chemins de Clinchamp
2045 - Seul au monde
2044 - Ne me parlez pas d’amour
2043 - Tristesse de l’été
2042 - Jour de fête à Clinchamp
2041 - Monsieur Lecon
2040 - Châtelain
2039 - Les ailes de Clinchamp
2038 - Tremblement de terre
2037 - Nuit d’amour
2036 - Pluie de joie à Clinchamp
2035 - Les gauchistes
2034 - Clinchamp sous les clartés lunaires
2033 - Henri d’Anselme, héros hétéro rétro
2032 - Les hirondelles
2031 - Retraite dans la forêt
2030 - Mon bosquet
2029 - L’or de Clinchamp
2028 - Sur le chemin
2027 - La souche
2026 - Clinchamp, ce voyage sans fin
2025 - Sardines à l’huile
2024 - Les fantômes
2023 - Le silence de la forêt
2022 - Les arbres
2021 - Les joies de Clinchamp
2020 - La merde républicaine
2019 - Les ailés
2018 - Les soirées de Clinchamp
2017 - Parasite
2016 - Clinchamp, les routes de l’ennui
2015 - Moi français, je déteste les migrants !
2014 - Répugnante
2013 - Les complotistes
2012 - Je déteste les livres de philosophie !
2011 - Le bossu de Clinchamp
2010 - La lumière de Clinchamp
2009 - Les crépuscules de Clinchamp
2008 - Les nuits à Clinchamp
2007 - Les aubes de Clinchamp
2006 - Je suis un oiseau à Clinchamp
2005 - Les rats de Clinchamp
2004 - Les papillons de Clinchamp
2003 - Les richesses de la normalité
2002 - Le Rimbaud des bobos
2001 - Les vaches de Clinchamp
2000 - La folle de Clinchamp
1999 - Mon ego solaire
1998 - Vague Lune
1997 - Ma cabane à Clinchamp
1996 - Moi, IZARRA
1995 - Mais qui donc est Dardinel ?
1994 - La Dame Blanche de Clinchamp
1993 - Le Dalaï-Lama
1992 - Pluie à Clinchamp
1991 - Je suis sexiste
1990 - Les flammes du printemps
1989 - Le rustaud de Clinchamp
1988 - Les larmes d’Amsterdam
1987 - Clinchamp, terre d’envol
1986 - La Joconde de Clinchamp
1985 - Face cachée de Clinchamp
1984 - La clocharde de Clinchamp
1983 - Je suis un extraterrestre
1982 - Clinchamp sous les éclats de novembre
1981 - Clinchamp au bord des larmes
1980 - Les fantômes de Clinchamp
1979 - Les pissenlits de Clinchamp
1978 - Clinchamp : fin et commencement de tout
1977 - Amsterdam
1976 - J’habite sur la Lune
1975 - Secret de Lune
1974 - Les ailes de la Lune
1973 - Voir Clinchamp et sourire
1972 - La pierre et l’éther
1971 - Clinchamp, au bonheur des larmes
1970 - Clinchamp, mon dernier refuge
1969 - Croissant de Lune
1968 - Mais d’où vient donc la Lune ?
1967 - Lune lointaine
1966 - Lune éternelle
1965 - Sandrine, notre voisine
1964 - Rêve de Lune
1963 - Lune des rêves
1962 - La Lune dans le bleu
1961 - Lune ultime
1960 - Les tourmentés
1959 - Clinchamp, paradis des ombres
1958 - Lune absente
1957 - Je raffole des commérages !
1956 - Clinchamp : royaume des humbles
1955 - La Dame dans le ciel
1954 - Palmade : de la gloire au gouffre
1953 - Evasion
1952 - Tatouages, ces marques de faiblesse
1951 - L’égalité est un enfer !
1950 - Repas sur l’herbe à Clinchamp
1949 - Escale à Clinchamp
1948 - Beauté morbide de la Lune
1947 - J’ai dormi dehors à Clinchamp
1946 - Les humanitaires sont des parasites !
1945 - Sur les routes de Clinchamp
1944 - Une année à Clinchamp
1943 - Tristesse du printemps
1942 - Bulle de Terre
1941 - Jour de joie à Clinchamp
1940 - L’inconnu de Clinchamp
1939 - Le ciel de Clinchamp
1938 - Les éclats de Clinchamp
1937 - Le voyageur
1936 - Fête triste
1935 - Les antiracistes
1934 - Jean Messiha
1933 - Coeur gelé
1932 - Romantisme de pierre
1931 - La femme est sous mes pieds
1930 - Burcu Güneş, un air léger
1929 - Je déteste les pauvres !
1928 - Quand mon coeur s’allume
1927 - Intègre, entier, râpeux
1926 - Le cheval
1925 - Homme mauvais
1924 - Un trou sous le ciel
1923 - Hauteur de la Lune
1922 - Nulle part, là-bas, ailleurs
1921 - Belle Lune
1920 - Salades lunaires
1919 - Lettre à Reynouard
1918 - MARGUERITE OU L’HISTOIRE D’UNE VIEILLE FILLE
1917 - Récoltes lunaires
1916 - Je suis français de souche
1915 - Lune mortuaire
1914 - Clinchamp, cité des oubliés
1913 - Clinchamp, l’air de rien
1912 - Clinchamp, sommet du monde
1911 - La pollution, c’est la vie !
1910 - Seule au monde ?
1909 - Le Ciel et la Terre
1908 - Lune de haut vol
1907 - La Lune s’allume
1906 - Nuit sombre
1905 - Soupe de Lune
1904 - Puretés raciales
1903 - Lune-pizza
1902 - La grande question
1901 - Amiens
1900 - Pleur de Lune
1899 - Rêve d’amour
1898 - Vive le patriarcat !
1897 - La libellule
1896 - L’eau qui m’éclaire
1895 - Une question de clarté
1894 - La Lune dort
1893 - Les artifices du spirituel
1892 - Lune normale
1891 - Ni chauffage ni travail
1890 - Lune de fer
1889 - Molle Lune
1888 - Insensible aux malheurs des autres
1887 - Mon visage de vérité
1886 - Amante russe
1885 - J’écris
1884 - Lune martiale
1883 - Je suis un incapable
1882 - Lune creuse
1881 - 1975
1880 - L’éclat d’un fard
1879 - Amour impossible
1878 - Femme au foyer
1877 - L’esprit de la Lune
1876 - Ingérence féministe
1875 - Cratères lunaires
1874 - Lune d’effroi
1873 - Lune des chats
1872 - Les athées
1871 - Lune d’or
1870 - Lune carrée
1869 - Lune de miel
1868 - Folle lune
1867 - Jour de joie
1866 - SMARPHONES : abrutissement des masses
1865 - Sombre lune
1864 - Les mouches
1863 - Ma vie simple
1862 - Clinchamp, terre lointaine
1861 - Je suis un conservateur
1860 - Lune de glace
1859 - Le lac
1858 - Qu’est-ce que la beauté ?
1857 - Lune blanche
1856 - Lune de mer
1855 - Lune de feu
1854 - Présence immortelle
1853 - Surprenante Lune !
1852 - L’éclat de la Lune
1851 - Epis lunaires
1850 - L’autre Lune
1849 - L’amie des cheminées
1848 - Lune morte
1847 - Lune Parmentier
1846 - Lune fatale
1845 - Amour céleste
1844 - Grâces et disgrâces
1843 - Ma maison, c'est la Lune
1842 - Poids de la Lune
1841 - La morte visiteuse
1840 - Ma cabane sous la Lune
1839 - Bleu ciel
1838 - Histoire de lune
1837 - Suc de Turque
1836 - Stéphane Blet
1835 - Ciel bleu
1834 - Bonheur de rat
1833 - Redneck
1832 - Sur le rivage
1831 - Attraction lunaire
1830 - Je suis anti-féministe radical
1829 - Mais qui est-il ?
1828 - Je veux des frontières !
1827 - Les francs-maçons
1826 - Folies lunaires
1825 - Alunir, en un mot
1824 - “Comme ils disent”, chanson d’Aznavour
1823 - Lune tiède
1822 - Globe de rêve
1821 - Effroi
1820 - Vangelis
1819 - L’air de la Lune
1818 - La campagne
1817 - Lune tombale
1816 - Les cailloux
1815 - Je déteste Paris !
1814 - Boules de neige
1813 - Je n’ai pas peur
1812 - Parler vrai
1811 - Les hommes simples
1810 - Quand la Lune panse
1809 - Régine : extinction d’un feu
1808 - Morte veilleuse
1807 - Coeur de pierre
1806 - Noir
1805 - Mystère de la Lune
1804 - Jackson Pollock
1803 - En pleine lumière
1802 - Harmonie des sexes
1801 - Dix ans dans l’azur
1800 - Pluie d’avril
1799 - Le gueux
1798 - Les pommes de pin
1797 - Voyage vers la Lune
1796 - Mystère d’une nuit
1795 - Une lumière turque
1794 - Sans coeur et avec écorce
1793 - Envolé !
1792 - Galante ou l’abcès crevé
1791 - La lumière du Bosphore
1790 - Claude Monet
1789 - Rat aristocrate
1788 - Ukraine : sortez de vos ornières mentales !
1787 - Tranche de ciel et plumes de la Terre
1786 - Les sots écolos
1785 - L’astre turc
1784 - L’Ukraine, je m’en fous totalement !
1783 - Vive la guerre !
1782 - Réponses à un coatch
1781 - Droite pure
1780 - Vains hypersensibles
1779 - Mes valeurs vives
1778 - Le secret
1777 - Force et lumière
1776 - De l’herbe à l’aiguillon
1775 - Jusqu’à la mort
1774 - Zemmour et les journalistes de gauche
1773 - Dur et juste
1772 - La flamme et le marbre
1771 - Mon chat est mort
1770 - Les frères Bogdanoff
1769 - J’ai rêvé de Natacha
1768 - Technologie
1767 - Vers la Lune
1766 - C’était la guerre
1765 - La “tondue de Chartres”
1764 - Dans le métro
1763 - Naissance d’un virus
1762 - Zemmour est-il un de Gaulle ?
1761 - Je suis grand
1760 - Jour de gloire
1758 - Une muse du Bosphore
1758 - Je suis un extrémiste
1757 - Les éoliennes
1756 - Femme terminale
1755 - Autoportrait
1754 - Je suis un sanglier
1753 - Faux fou
1752 - Les affaires
1751 - Octobre
1750 - Le fantôme
1749 - Les écrivains
1748 - Sauvez la France !
1747 - Mes sentiments de pierre
1746 - Une araignée raconte
1745 - Un coeur clair
1744 - Phallocrate
1743 - Les vaches
1742 - Les faibles sont mauvais
1741 - Les sans-visage
1740 - Le trouillard de gauche
1739 - Léonard de Vinci enfant
1738 - Mes froideurs sublimes
1737 - Le romantisme, c’est la décadence
1736 - La Joconde
1735 - La tour Eiffel
1734 - Le Soleil
1733 - Une boule de mystère
1732 - Les masqués
1731 - Burcu Günes, l’or turc
1730 - Léa Désandre
1729 - Le père Dédé
1728 - “Blanc lumière” de Pollock
1727 - Les kikis et les cocos
1726 - Les funérailles de Belmondo
1725 - Pôle Sud
1724 - Vierge au mariage
1723 - La forêt
1722 - Le réveil des clochers
1721 - En septembre
1720 - Extraterrestre
1719 - Ni cagoule ni sérum
1718 - L’astre des morts
1717 - L’idéaliste
1716 - Un ange noir pour les Blancs ?
1715 - Trois heures du matin
1714 - Dur et vivant
1713 - Homme des bois
1712 - De flamme et de sang
1711 - Mes bas potentiels
1710 - Je suis un anti-progressiste
1709 - Eléonore et les Noirs
1708 - Eléonore et les Juifs
1707 - Une française
1706 - Femme d’idées
1705 - Joie de vivre
1704 - Auteur de rêves
1703 - Raison féminine
1702 - Vieillard
1701 - Face de France
1700 - 1789
1699 - Adieu, France
1698 - Célibataire
1697 - L’envers vert
1696 - Avant la chute
1695 - L’aube d’Ève
1694 - Amour raté
1693 - À vue d’homme
1692 - Le loup et l’agnelle
1691 - Têtes à corps
1690 - Trêve de la nuit
1689 - L’été
1688 - L’hiver
1687 - Les âmes de la forêt
1686 - Enfin libre !
1685 - Je vis sans masque
1684 - Enfants du monde
1328 - Je suis apolitique
115 - Le cygne
114 - Le spleen de Warloy-Baillon
113 - Les visiteurs
112 - La Lune
111 - L’amant des laides
110 - Mémoires d’un libertin
109 - Une existence de pompiste
108 - Lettre à mes amis des listes sur Internet