Le ciel bleu est le miroir du bonheur clair.
Qui devient vite ennuyeux s'il
perdure.
Il n'est agréable que dans la mesure où il se peuple de nuées étranges,
d'oiseaux noirs et d'idées neuves.
L'azur plein de lumière n'a de sens que si l'ombre lui succède et que vient
l'orage fécond. La tiédeur de l'air n'a de saveur que si ensuite le gel blanchit la terre. La chaleur est bonne si elle s'accompagne de glace, pour couvrir la nature de givre et changer les mollesses du monde en pierres admirables.
Ainsi le beau temps n'est supportable qu'un jour, qu'une heure, juste un
moment de rêve, afin que le mortel se réveille de sa torpeur et accède aux sommets inquiétants de ses désirs de demi-dieu capricieux. Car oui,
l'homme qui ne dort point est un coquelet de divine envergure aspirant à s'élever à la hauteur des aigles.
Et la simple vue de l'horizon atmosphérique fait naître en lui le désir
d'envol.
Un gouffre de paix statique n'est nullement désirable pour l'âme
éveillée. Le printemps fixe n'est bon que pour l'abruti permanent, le déjà mort,
le gâteux, l'éternel vacancier qui ne souffre le moindre nuage dans son
existence de légume.
Tandis que le coeur vif a soif de verdure mais est également affamé de cailloux. Il réclame la gifle du Soleil et la folie de la neige, le vent et ses fantômes, ainsi que le chant de la grêle.
C'est pourquoi je ne puis boire qu'à cette seule source pour alimenter ma joie de loup, et qu'il me faut, après la douceur du miel, la
piqûre de l'abeille.
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