Depuis le temps que je vous promène de salon en salon, je peux vous avouer que votre face de chèvre m'agrée singulièrement. En vérité vous êtes le plus beau laideron de toute la contrée. Et si vous humiliez les hommes que vous approchez, lesquels vous fuient invariablement, vous n'êtes pas pour me faire plus honneur, soyez-en persuadée. J'ai autant de goût -ou de dégoût- que mes frères humains : je vous trouve laide moi aussi.
Mais votre outrance a ceci de nécessaire à ma gloire : elle fait converger tous les regards vers moi. Je m'affiche incidemment en public en votre piètre compagnie et aussitôt je me mets à dos les rieurs pour les mieux contredire le lendemain. C'est que je remporte tous les suffrages dès que je vous remplace par une plus flatteuse conquête ! Et les moqueurs de la veille d'applaudir le joli tour de passe-passe... Un jour je sors avec le pantin de chiffon, le lendemain avec la poupée de porcelaine. On me raille lorsque j'ai le torchon à mon bras, on se rallie chaudement à ma cause quand le foulard de soie est pendu à mon cou.
Mais votre outrance a ceci de nécessaire à ma gloire : elle fait converger tous les regards vers moi. Je m'affiche incidemment en public en votre piètre compagnie et aussitôt je me mets à dos les rieurs pour les mieux contredire le lendemain. C'est que je remporte tous les suffrages dès que je vous remplace par une plus flatteuse conquête ! Et les moqueurs de la veille d'applaudir le joli tour de passe-passe... Un jour je sors avec le pantin de chiffon, le lendemain avec la poupée de porcelaine. On me raille lorsque j'ai le torchon à mon bras, on se rallie chaudement à ma cause quand le foulard de soie est pendu à mon cou.
En votre proximité, que d'heureuses je fais ! Je brille et fais briller à bon compte, mettant en valeur des femmes qui sans votre voisinage se seraient senties bien médiocres. Votre présence accentue les contrastes. Tout votre art est là. Une vierge commune devient princesse à vos côtés. Elle se sent belle comparée à vos traits caprins, à votre silhouette bovine, à vos charmes de camélidé. Son hymen en devient ainsi plus accessible, envisageant elle-même sa déchirure non plus comme une infamie mais comme un authentique honneur.
Avec votre gueule de gargouille, votre air pitoyable, vos allures grotesques, vous êtes un chef-d'oeuvre d'épines et d'ennui. Votre tête contrefaite confère lustre et prestige aux anodines que vous croisez : elle change en soleil la simple provinciale aux yeux de tout séducteur. Votre disgrâce fait rayonner la banale lessiveuse, la quelconque lingère, l'insignifiante bonniche.. Votre naissance de misère donne aussitôt du prix à l'ordinaire courtisée. Bref, votre difformité fait plaisir à voir.
Sortez toujours plus de l'ombre. Continuez à me servir de faire-valoir, à être celle qui fait jaser. Soyez fière de m'accompagner.
Cette verrue que vous incarnez est un signe du ciel à l’adresse des donzelles ternes, mais non vilaines, en mal d'amour.
Ne maudissez pas votre sort surtout : votre laideur est un cadeau pour les autres.
VOIR LA VIDEO :
https://www.youtube.com/watch?v=I4NoxpOVkGk&feature=youtu.be
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