Ce matin je me suis levé avec un pied à coté de ma chaussure.
J’ai mal dormi, le lit que je viens de quitter est si loin du monde... Depuis trop
longtemps, le soir je m’étends seul dans mes draps glacés. Mais aujourd’hui,
bien que je me sois perdu sur Terre, je deviens ivre de ciel.
En sortant de ma chambre, j’entre dans un océan de légèretés et me retrouve
sur un nuage. Le soleil frappe mon front, je ne vois plus que du bleu. Les rêves
de la nuit reviennent me cracher leur baisers de feu en pleine lumière ! Je
devrais en éprouver de la honte et pourtant j’ai encore soif de ce sel aux effets de
poison !
Au lieu du café, j’avale toute la rosée du matin. Avec, en guise de sucre,
un délicieux venin qui me brûle le coeur.
Ca doit être la fièvre de l’amour.
Elle aurait certes pu se nommer Gertrude. Mais en fait elle porte le nom de
Natacha et c’est une flamme avec des mèches vives, enfin un astre rayonnant je
veux dire. Une femme aussi admirable qu’une nuée d’oiseaux, une chair femelle avec
des pépins dedans et des épines dehors, un fruit défendu, un arbre tout en
dentelles avec deux belles poires interdites, une vraie fleur des immensités, un
animal comme j’aime : qui caresse et qui fait mal, qui chante et qui pleure, qui
rit et qui cri.
Je n’ai la tête qu’à la folie, on appelle ça avoir la “braise au cul”, ca
me chamboule les pensées et dérègle les sens. J’ai le cerveau qui pétille et le
sang qui me fouette les tempes. C’est mon tempérament, mais aussi une question
d’état d’esprit car je suis hanté par ce fantôme qui plane dans mes hauteurs
avec ses ailes brillantes et lourdes mamelles.
Natacha et ses joues comme des pommes est tout en haut de mes idées, au
sommet de cette journée qui démarre comme une vie nouvelle. J’en ai des images
malpropres au fond de mes yeux de cochon, ça déborde de mes gouffres et ça
jaillit de mes tripes ! Pour aller la revoir je ne vais pas me raser la barbe mais
simplement me parfumer de la lavande des champs, ça devrait lui plaire car elle
n’aime que les grands chevaux sauvages et moi, avec ma face de sanglier aux
cheveux fous, je puis assouvir ses plus chers désirs de jument embrasée...
Natacha est une bête de sentiments, un fauve à la peau d’ange, une demoiselle
timide avec des crocs de louve. Et moi je suis à genoux devant cette bonne paysanne russe chaussée de grandes bottes.
Je vais l’épouser sous la pluie sombre et dans les ruisseaux clairs qui
coulent le long des chemins, au creux des jours trop chastes. A l’heure propice,
en pleine tempête, nous ne formeront plus qu’un seul éclat dans la steppe. Les
noces seront féroces et douces. Une joie rude faite de bains d’azur et
d’étreintes dans les broussailles. J’irai chercher le miel sur ses lèvres et la
mer dans son écume. Mes flots se déverseront dans les profondeurs de ses flancs
et en son hymen de verre elle sentira les vagues fracassantes d’un étalon au
galop !
Je règnerai sur la plaine, couché comme un roi sur ce trône aux pommettes
saillantes et aux nattes dans le vent. Mon sceptre sera sa loi, sa carcasse
bourgeonnante sera mon palais.
Mais pour l’heure, après une nuitée de prometteuse insomnie, je vole vers
l’attachante Natacha pour lui raconter tous ces beaux songes que je viens de
faire à son sujet...
VOIR LA VIDEO :
1 commentaire:
https://www.youtube.com/watch?v=YAM61OEol5E
Belle chanson russe.
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