Monsieur Terataire est malheureux.
C’est un homme inquiet, résigné, abattu.
Habitué aux mauvaises nouvelles, malmené par la vie, il encaisse les coups
durs jour après jour. Cette victime de l’infortune a conscience de sa misère,
ce qui accentue sa souffrance.
Aujourd’hui le mauvais sort se nomme “hausse du prix du gasoil”. Monsieur
Terataire va donc devoir ajouter quatre euros de plus pour faire le plein de son
véhicule.
Quatre euros d’augmentation par-ci, quelques autres euros par là... Ces
menues contrariétés économiques s’ajoutant aux déceptions financières salariales
et aux promesses électorales non tenues, avec par-dessus le marché
les restrictions budgétaires de l’Etat, plus les changements de conditions de
vente dans le contrat de son assurance-vie, plus l’augmentation du prix du kilo
de beurre, plus le coût des timbres-poste passé à un euro, plus le chauffage
électrique de plus en plus cher, plus la redevance-télévision, plus les impôts
locaux, plus plus ceci, plus cela...
Tous ces petits tracas qui s’accumulent forment, à la fin, ce qu’on est en
droit d’appeler le “grand malheur de monsieur Terataire”.
Pour lui l’existence se résume à une série de prélèvements, de taxations et
de ponctions de son budget, ce qui fait qu’il se sent constamment harcelé,
piégé, encerclé par des profiteurs assermentés, des voleurs d’énergie, bref des vautours s’acharnant sur son portefeuille.
Tant et si bien qu’il en oublie d’être heureux, d’apprécier les joies
simples de la Création, comme l’étonnement d’être au monde, la beauté des
fleurs, la rosée du matin et tout le reste...
Certes il a un confortable pouvoir d’achat monsieur Terataire. Il ne manque
de rien en réalité, ce n’est pas la question. Il a une femme superbe, de
beaux enfants, plein d’amis, une maison secondaire à la mer, une petite location
en montagne, des assurances en tous genres, des protections juridiques à la
pelle et même un joli petit pécule bien en sécurité dans un coffre-fort...
Mais cette oppression incessante due au fait de se savoir taxé à tout bout
de champ, de se sentir le martyr permanent d’injustices bancaires, fiscales,
pétrolières, lui a fait perdre le goût du bonheur.
Il a de d’argent monsieur Terataire pour tout dire, mais également
les inconvénients qui vont avec. Il paye ce qu’il doit payer : en rapport avec
sa relative aisance. Exactement. Ni plus ni moins, comme tout le monde. Mais
pour ce rebelle aux surtaxes, trop c’est trop. C’est la raison pour laquelle il
ne parvient pas à trouver la paix.
En fait monsieur Terataire, vous l’aurez compris, est un parfait abruti
matérialiste primaire.
Sa conception du paradis, dans ses rêves de petit comptable les plus
grandioses, se borne à une société idéale où les vérandas seraient à moitié
prix, où les canapés en cuir seraient automatiquement assurés pendant trois ans
en cas de déchirure accidentelle à l’usage, où les autoroutes françaises
seraient gratuites, où la vignette automobile n’aurait jamais existé, où les
amendes pour stationnements interdits seraient revues à la baisse, où le
“treizième mois” serait systématique pour tout nouveau salarié, etc.
Mais cette énième hausse du prix du gasoil en ce beau matin de printemps
fut la goutte de trop dans son enfer d’éternel taxé...
Il n’a pas supporté.
Il n’a pas supporté.
Il est tombé en dépression, hospitalisé en soins psychiatriques de longue
durée, sous antidépresseurs.
C’est que, à force de vivre comme un veau, il en a oublié de vivre comme un
homme, monsieur Terataire...
VOIR LA VIDEO :
https://www.youtube.com/watch?v=t8tH3iCTNBI&feature=youtu.be
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