Marguerite est une longue autruche plate de quarante ans qui va à la messe tous les dimanches.
Pucelle, superstitieuse, toujours propre sur elle, bête, vertueuse, fière, travailleuse, elle est avant tout fascinée par les crucifix, allant jusqu'à agencer ses carottes, navets et petits pains -savamment coupés- en formes de croix dans son assiette.
Autant dire d'apparences phalliques.
Horrifiée par le plaisir charnel, Marguerite s'est réfugiée depuis ses premières règles dans la plus perverse des bigoteries.
Lourdes est sa passion officielle, le phallus imposant de monsieur l'abbé (qu'elle devine sous la soutane) son véritable objet de culte.
Elle maudit les hommes, chérit la grande statue christique de son église, exècre les fringants gendarmes, abhorre les femmes mariées, adore son minuscule dieu d'acier qui danse sur ses seins flasques et stériles au rythme de ses petits pas secs de vieille rosière haineuse.
Marguerite-la-Pieuse aimerait et détesterait tout à la fois avoir un énorme pieu de chair entre ses flancs de femelle inféconde.
En cachette Marguerite s'amuse à rayer avec un des bras de la figurine du crucifié les noms des morts du village qu'elle a connus dans le livre du souvenir entreposé à l'entrée du cimetière... D'une des quatre pointes de son métal pieux elle déchire consciencieusement le papier afin de profaner la mémoire des défunts avec qui elle avait entretenu d'excellentes relations, jadis.
Innocente dépravation de bigote rongée par le feu utérin...
Et fantasme chaque nuit sur ses pires cauchemars, c'est-à-dire, pour être exact : le fils de monsieur le maire, le garde-champêtre, le jardinier de la châtelaine ainsi que le frère de l'instituteur, tous membrés comme des ânes à ce qu'il paraît. Du moins d'après les rumeurs du bistrot qu'elle est pourtant censée ne jamais fréquenter... Le prêtre, joliment pourvu lui aussi fait exception puisqu'elle l'injurie et l'idolâtre en même temps. Avec lui c'est ami-ennemi, miel-piment, acide-amer et pour tout dire fleur-fumier. C'est que Marguerite est une nature bien tranchée, entre profonde sottise et hargne extrême.
Cette quadragénaire stupide collectionne avec frénésie tout ce que Lourdes et le monde peuvent produire de hideux.
Chez elle ça pue le formol, la mort et la naphtaline. Dans sa bibliothèque, des livres pleins d'affligeantes niaiseries avec des illustrations d'un total mauvais goût côtoient les oeuvres les plus révoltantes de Sade. On y trouve encore d'effarantes inepties écrites par des inconnus édités chez "La Pensée Universelle". Sous ce monceau d'hérésies livresques s'accumulent des boites remplies de répugnantes bondieuseries faites de plastique et de toc.
Marguerite dort la porte fermée à double tour.
Dans son antre bien clos dédié à l'honnêteté, on peut y croiser le rejeton de l'élu mais aussi l'horticulteur de la dame du château. A bien y regarder on y reconnaît également le frangin du maître d'école et le képi de l'employé de la mairie... Un carré d'adversaires bien alignés sous le lit !
Sous formes de poupées rageusement confectionnées par ses soins.
Semblables à ces Vierges bon marché venues de la vilel des miracles pour trôner sur des postes de télévision ou hanter les salons indigents.
A ce détail près que ces quatre menus messieurs de bois et de chiffons sont d'outrancières effigies sexuelles.
Et sous son oreiller, une cinquième caricature libidinale. La plus massive de toutes, la plus indécente, la plus haïe et la plus vénérée à la fois...
Monsieur le curé !
6 commentaires:
Mon pauvre Raphaël !
Liliana,
Cette pieuse putain s'amuse avec ses pantins de chiffon, ce sont ses jouets de frustrée à elle.
Raphaël Zacharie de IZARRA
J'imagine que sur le net on doit pouvoir quand même trouver de bons analystes.
Vous savez, de ceux qui vous demandent de vous étendre sur un canapé.
C'est de caractère obsessionnel mais je pense quand même que cela peut encore se soigner.
Raphaël, nom de Dieu, ressaisissez vous !
Vous pensez vraiment vous faire remarquer ailleurs que par les éditions de la pensée universelle 3 bis quai aux fleurs ou rue Charlemagne, je ne sais plus et dont j'entendais dans mes jeunes années publicité sur les grandes ondes.
Quand on écrit comme vous écrivez, on écrit !
On ne couche pas ses fantasmes délirants comme ça.
Ou alors vous êtes encore bourré!
Par pitié Raphaël, ressaisissez-vous.
Sinon, allez voir un thérapeute!
Alors, pour ceux qui comme moi, prenne souvent cet énergumène pour un cinglé, je conseille vivement de lire l'article de Wikipédia sur le tableau "La nef des fous " de Jérôme Bosch.
C'est mon seul espoir !
Que ce soit de l'art !
Et qui veuille dire :
"Mieux vaut rester laïque que de mal se conduire en étant dans les ordres"
Ou encore, soyez honnêtes avec vous même !
Ce qu'il ne faut pas faire !
Il m'énerve Liliana !
Qu'est ce qu'il m'énerve !
Liliana,
Il faut suivre les épisodes.
Dans l'ordre.
L'histoire du psy, c'est que pensera le lecteur qui découvre la nième édition de la bigote dévoyée mais dévoyée en cachette.
Le lecteur dira, dommage, qu'est ce qu'il écrit bien ce type.
Mais alors, on en a ras la casquette de ses obsessions.
Le deuxième épisode, c'est moi, qui me dit que ce n'est pas possible. Qu'il ait un grain.
Qu'il écrit trop bien.
Que ça cloche cette histoire de folie.
Mais je me fâche. Parce que ça cloche justement.
Alors je cherche par analogie. Dans ma mémoire souvent.
Et la lumière se fait.
En l'occurence, elle s'est faite là sur un tableau du XV ème que j'ai étudié en seconde. Et qui m'avait marquée.
Et voilà! Une explication RATIONELLE comme j'aime. MATHEMATIQUE. La fameuse quadrature !
Fin de la pièce:
Je montre aux lecteurs qu'il faut lire autrement.
ça sert à l'homme, à l'auteur, aux lecteurs, à moi d'avoir raison après m'être énervée, à moi d'avouer que je me suis énervée, et à moi encore de vous parler, vous qui vous faiteS rare ces derniers jours !
Enregistrer un commentaire