Je t'aime et te hais toi la Lune au teint lumineux et au coeur de pierre,
toi l'astre d'or jaloux de ta face cachée, toi la claire présence aux obscurs
desseins, toi la lueur qui vagabonde au firmament en créant des ombres nocturnes
sur notre monde, toi la radieuse apparition de la nuit qui fait stérilement
espérer des merveilles aux naïfs insomniaques, toi la flamme céleste qui
alimente les âmes crédules de mensonges romantiques.
Tu encourages les niaiseries des mirlitons et brises les rêves des dormeurs
au sommeil léger. Que de sornettes sorties sur papier glacé en ton nom !
Tes admirateurs te croient aérienne, mystérieuse, subtile. Tu es obèse,
banale, grossière !
Ils te prennent pour l'incarnation de la Poésie, tu n'es qu'un caillou
insensible, une pure mécanique lourde et laborieuse qui tourne bêtement autour
de la Terre.
Avec ton visage amorphe, tu ressembles à ce que tu es : une vaste
platitude.
Tu es une imposture, un mirage, un feu de toc, une invention de va-nu-pieds
!
Tu ne possèdes aucune des qualités qu'on te prête, tu es une tromperie dans
les nues, un artifice au-dessus de nos toits, une légende dans la tête des
hommes, rien qu'une fumée.
Mais c'est justement pour cette raison que je brûle pour toi, tout en te
détestant : parce que tu es comme une femme terne qui, vue de loin, sous son
voile domestique couvert de poussière, prend des allures brillantes.
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