La forêt était dense, vaste, austère.
Le vent dans les frondaisons faisait penser à des chuintements de
bêtes.
Tout y transpirait l'effroi.
Entouré de ces troncs sinistres, seul, égaré, je me sentais telle une proie
épiée par autant de loups aux gueules sombres...
Le soir arriva, de grandes ombres apparurent. Des visages inquiétants
s'incrustèrent dans l'écorce puis s'estompèrent une fois les ténèbres
installées. Prisonnier de la sylve et de ses spectres, il ne me restait plus
qu'à affronter ces présences. Réelles ou imaginaires, quelle importance
d'ailleurs ? Ces entités dans les bois, avec leurs allures terribles,
ressemblaient à des morts prenant la place des vivants. Illusions ou
incarnations palpables, cela suffisait pour me glacer le coeur.
Une longue nuit m'attendait, allais-je y survivre ?
Les heures passèrent et je crus entendre des cris, des rires, des mots
interdits. Avais-je rêvé ? Non, puisque j'étais éveillé, puisque j'avais froid
et que je criais, riais, parlais moi aussi pour mieux couvrir de ma voix ces sons inconnus...
Que faire ? Perdu, je marchais sans trouver d'issue. Le jour, espérais-je,
allait me délivrer de ce labyrinthe végétal. Mais l'aube semblait un réveil
encore lointain. Pour le moment le cauchemar m'étreignait et m'emportait dans
ses profondeurs. Des bras m'enlaçaient et des têtes me pétrifiaient de leurs
regards de gargouilles.
Branches, racines ou souches, ces êtres multiformes entravaient mes pas, se
dressaient sur mon chemin, me défiaient avec leurs airs obscurs et
mystérieux.
Pris de panique, je distribuai des coups de tous côtés.
Je luttai ainsi contre des ennemis furtifs, insaisissables, volatils. Mes
poings cependant rencontraient des feuilles, des parties dures, des faces
informelles... Qu'étaient-ce donc ? L'affrontement contre ces adversaires
invisibles dura l'éternité de la nuit.
Aux premières lueurs du matin, épuisé, effaré, je découvris autour de moi
les restes démembrés de quatre épouvantails.
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