Il est trois heures du matin et je ne trouve plus le sommeil.
Le baiser glacial de la nuit vient de me réveiller.
Pris de vertige entre les ténèbres et le bord de mon lit, des pensées
irréelles me tiennent lieu de firmament.
Dans le noir, j'ai les yeux grands ouverts sur l'Univers entier. Et je vois
des clartés nouvelles, des formes inconnues, des espaces indicibles.
Je sens autour de moi un souffle muet qui m'enveloppe : c'est l'obscurité
qui me parle.
L'ombre profonde me caresse, m’étreint, me pénètre. Et mon âme
s'illumine.
J’entends des voix lointaines, des mots bas, des pas proches... Des airs
mélancoliques lourds et lents montent en moi, à la fois familiers et
indistincts, clairs et souterrains, comme des vieux chants ressurgis d’un âge
perdu, d’un passé immémorial...
Les ailes de l'insomnie m'emportent loin de ma chambre. Je voyage tout
éveillé dans des immensités oniriques, sonde des océans de silence et de
lumière, file vers des galaxies paisibles et impénétrables.
Et, dans un éclair d'idées insensées mêlé à un orage de conscience aux antipodes de la raison et de la folie, j'atteins le sommet de l'intangible, le centre de la vie, le coeur du mystère.
Après ce fulgurant exil dans les cimes de l’esprit (ou dans les abysses de
je ne sais quel éther), je m’en échappe pour, progressivement, réintégrer le
monde temporel.
De retour de l’infini, je me pose sur ma couche tel un oiseau fatigué et ma
tête roule sur l’oreiller.
Je suis parti dans l’ailleurs avec des incertitudes d’incrédule et de
vagues sentiments de dormeur.
Il est trois heures et quart du matin et je ne sais plus si je dors ou si
je vole.
Peut-être que, enroulé dans mes draps, suis-je en train de rêver que tout
cela est réel...
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