Ici je raille ouvertement le théâtre intellectualisant plein de fumées, de stérilités cérébrales et de prétentions.
Le rideau se lève, l’astre entre en scène, la farce savante commence, les faces attrapées en sont éblouies.
Le rideau se lève, l’astre entre en scène, la farce savante commence, les faces attrapées en sont éblouies.
La grave baudruche enflée de son artistique importance rayonne sur les planches.
Ce vide pompeux inspire de profonds égards.
Le public n’en est que plus attentionné, recueilli, voire
franchement extasié... Il en a eu pour son argent : à un tel coût, pas question
de rire, il faut rester sérieux !
Avec ses allures compassées de grand initié de la chose, le comédien
-qui connaît son affaire- impose la posture à la salle. Celle-ci est de
toute façon acquise depuis l’achat des billets frappés à l’effigie de quelque
improbable éphèbe aux airs de philosophe impénétrable...
Ici on est au théâtre. Au Théâtre, même. Pas au cirque. De cela, nul n’en
doute. Surtout au prix où ont été achetés les tickets...
Le saltimbanque sous le projecteur intimiste se donne sans compter : les
perles de sueur sur son front et ses airs solennels confèrent une
force surréaliste, magistrale aux mots “doctement sibyllins” distillés avec une
lenteur calculée, une sobriété marmoréenne, une clarté sonore inégalable... Dont
tous feignent de comprendre le sens.
Peu importe : avec cette lumière étudiée, ce costume noir, cette mine
affectée, cette atmosphère si particulière, l’effet est garanti et les
applaudissements seront nourris.
Bref, l’esthétique minimaliste et mystérieuse de la pièce conforte les
spectateurs d’assister là à un chef d’oeuvre pour gens raffinés et
avertis.
Au bout de deux heures de monologue délicieusement narcissique
et savoureusement prétentieux -certes parfaitement incompréhensible mais cela ne s’avoue
évidemment jamais à voix haute-, c’est le triomphe !
Performance accueillie avec une ferveur ostentatoire par l’assistance
étouffée par le respect, plongée pendant deux heures dans une concentration quasi
religieuse.
Cela en vaut bien la peine : cent vingt interminables minutes de cet exercice de haute voltige
scénique méritent ces acclamations !
Les admirateurs ne s’y trompent pas.
Théâtre, théâtre...
VOIR LA VIDEO :
https://youtu.be/ok2Rklf99GI
http://www.dailymotion.com/video/x49uoga
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