Une mauvaise fièvre brûlait mon front, tandis que je marchais dans l’air
frais de l’automne. La ville était sombre, laide, sale.
Je me hâtais vers mon foyer sous l’ombre immense d’un ciel décidément
bas.
Ce jour de septembre semblait sans lendemain, sans joie, sans espoir.
M’éloignant de la cité moderne froide et vulgaire pour rentrer chez
moi, j’arrivai bientôt aux abords de la cathédrale. Je m’engageai dans la rue
bordant ses hauts murs, rassuré par la proximité de ces pierres augustes
et pleines de sens contrastant avec les artifices déprimants des quartiers
commerçants que je venais de traverser, plus bas.
Les apparences du monde autour de moi se montraient bien pesantes en cet
instant de ma vie mais je n’y prêtais pas tant d’attention à la vérité car mon
âme elle, demeurait aérienne, détachée de la matière, loin du sol.
Seules les hauteurs m’importaient, les lourdeurs temporelles me laissant
indifférent, à vrai dire.
Instinctivement je levai le regard vers la cime de l’édifice. Fut-ce
l’effet de ce feu viral en moi, de cette grippe qui enflammait mes tempes, je ne
saurais le dire, mais je vis une chose extraordinaire.
Un spectacle irréel.
Des anges par dizaines se mirent à dévaler le toit de la cathédrale ! De
toutes parts ils débouchaient inexplicablement de son sommet ! Je pensais, dans
mon rêve éveillé ou mon délire, qu’ils étaient des dédoublements subtils des
statues à l’intérieur et qu’ils traversaient ainsi le toit de la
cathédrale... Ils planaient, certains à vive allure telles des hirondelles,
d’autres plus lentement comme s’ils marchaient sur les tuiles. Ils émergeaient
de la toiture pour venir se poser à terre ou juste frôler les pavés
puis retourner dans la cathédrale par la grande porte, soit à pas lestes soit à
tire d’ailes !
Ce ballet d’anges, à la fois vifs, espiègles et majestueux, ressemblait à
une volée d’enfants bruyants et rieurs qui aurait surgie de nulle part en pleine
journée de deuil !
Une chose me marqua particulièrement dans cette “rafale d’anges’ : leur
vol, leurs allures, leur gestuelle étaient d’une élégance, d’une
délicatesse indicibles. On aurait dit des peintures italiennes animées. Chacun
de leur mouvement était une oeuvre d’art inouïe. J’en fus même gêné, comme un
excès de maniérisme en eux qui les rendaient peu naturels. Mais je comprenais en
les voyant évoluer ainsi que c’était là leur nature.
Une grâce infinie et une joie communicative émanaient de ces êtres
surnaturels qui descendaient de la cathédrale...
Après les avoir vu tous rentrer dans la vaste église aussi spontanément
qu’ils en étaient apparemment sortis, peut-être pour aller réintégrer leur
double de pierre, je continuai mon chemin, pensif, incrédule.
Effets de la fièvre ou réalité ?
Je me retournais : je vis le monument silencieux, le ciel toujours plein
d’ombre, les pavés gris et humides.
Je passai la main sur mon front embrasé, conscient de mon état fébrile, de
mon incertitude, de l’heure vespérale, bien décidé d’aller vous raconter cette
histoire...
VOIR LA VIDEO :
https://youtu.be/9gBvxoQGkYc
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