Moi IZARRA, je suis une vieille souche.
Intègre et très dure.
Mon coeur s'est affermi tandis que ma peau s'est desséchée.
Avec les années, presque cent pour ainsi dire car je ne les compte
plus, mon sang est devenu un vin précieux et mes pensées un éther vif.
J'ai abandonné les artifices des apparences pour ne montrer que
l'essentiel, le vrai, l'or de mon être.
Même si vous penserez que ce n'est que
de l'ordure.
Vous qui êtes accoutumés aux vacuités et raisons de surface, les
profondeurs de mon âme vous paraîtront effrayantes.
En réalité ce n'est pas ma nature qui est noire, c'est votre esprit qui est
incolore.
J'ai vécu, tout vu, tout senti, tout compris. Ce que vous appelez "douceur"
pour moi n'est que tiédeur, atténuation, abâtardissement des sens, du réel, de
la vérité. Ce que vous croyez faux est vrai et ce qui vous brûle ne fait que me
chatouiller.
Là où vous voyez un point briller dans votre siècle, impressionnés que vous
êtes par le moindre feu de paille, je ne perçois que du toc, une simple mode qui
s'éteindra avec vous et sera oubliée en même temps que vos cadavres !
Votre monde est plat, mon univers est une rocaille vertigineuse, une
prairie riche de friches, un orage de ténèbres et de lumières, un océan de
fleurs puantes et de ronces parfumées, un ciel de désirs enflammés et de rêves
palpables, un paradis féroce et un jardin d'épines, un verger de pur azur et un
champ de roses vénéneuses.
Je suis affreux parce que vous êtes transparents. Je suis méchant car votre
bonté de moutons n'est que néant.
Je suis une tempête, un rocher, une terre pleine de fumier !
Vous êtes une eau fade, des larves flasques, des émotifs stériles.
Moi j'ai haï avec l'éclat d'un soleil, aimé comme un rat, souffert
autant qu'un loup au désespoir, me suis enivré d'un bonheur sans nom.
Bref, je
vis et vibre encore et toujours !
Et me voici face à vous tel un astre devant des visages éteints sous leur
masque.
VOIR LA VIDEO :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire