(D'après un tableau du peintre Aldéhy)
Les sots ne voient de l’harmonie universelle que la face flatteuse,
partielle donc mensongère. Tandis que les sages n’ignorent ni les clartés du
jour, ni les effrois de la nuit.
Certes le printemps est beau, mais il est également cruel. La renaissance
du monde se fait fatalement sur les cendres qui l’ont précédé. Les arbres
fleurissent nécessairement sur les cadavres pour nous offrir leurs fruits. C’est
ainsi : les vivants se construisent sur les morts dans un cycle sans fin.
La faune idéalisée à travers le coeur naïf n’est qu’une absurdité
incompatible avec le réel. La vraie contemplation de la Création ne consiste pas
à glisser sur sa surface mais à plonger dans ses profondeurs. Ce qui fait
l’éclat et la force de la vie, c’est qu’elle se pare de crocs, d’épines, de
venin, de carapaces, d’astuces, de couleurs sombres ou éclatantes...
Et, pour l’homme, d’intelligence. Qu’il a la liberté d’utiliser ou
d’ignorer.
Ainsi le renard dans son cadre pastoral, entouré de la colombe et des
autres bêtes, enchante la vue de l’âme candide. Un instant plus tard l’oiseau
sera fracassé par la mâchoire du prédateur. Le sang sera versé sur l’herbe verte
du rêveur qui choisira alors soit de garder ses illusions d’imbécile, soit
d’ouvrir les yeux.
De même, la femme est désirable quand elle est nue, mais elle est
répugnante dans ses menstruations.
L’incarnation des êtres, c’est aussi leur fragilité dans la beauté ou
l’horreur de leur sort.
Aimer l'existence, c’est l’accepter telle qu’elle est, dans ses sérénités comme
dans ses férocités.
Pour respirer, les incarnés ont besoin d'air mais aussi de cet espace vital
que leur laissent les proies dévorées, les oeuvres pourries.
1 commentaire:
Pour respirer, les incarnés ont besoin d'air mais aussi d'AMOUR.
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