Je réponds avec modestie et sincérité aux
questions d’une journaliste intriguée par mes obsessions fawcettiennes...
1 - Raphaël Zacharie de Izarra, la Poésie
est présente partout dans votre vie et création littéraire. Comment
intégrez-vous la beauté de Farrah Fawcett dans ce contexte ?
La beauté lorsqu’elle atteint un certain degré d’élévation
devient pur azur, un principe strictement aérien. La hauteur esthétique,
c’est aussi la cime poétique voyez-vous. Le vertige de l’harmonie extrême
rejoint les sommets de l’ivresse olympienne. C’est aussi simple et vrai que
cela. La beauté inégalée de Farrah Fawcett a par conséquent la première
place dans le vaste mais hyper sélectif panthéon izarrien.
2 - Vous parlez dans vos textes de la
"beauté chaste" de Farrah Fawcett. D’où vous vient cette idée de
chasteté associée au visage de celle qui fut surtout considérée comme un
sexe-symbole hollywoodien ?
Mon regard n’est ici évidemment pas celui d’un profane. C’est
le point de vue élitiste et la sensibilité aiguë d’un grand initié. Pour
moi Farrah Fawcett n’a jamais été un sexe-symbole. Plutôt une dinde
hollywoodienne farcie de stéréotypes. Mais sous ses artifices criards de
boulevardière emperruquée à la mode yankee, c’est la Eve cosmique qui
parut. A partir de là, il n’est plus question de parler de sexe mais de
sublime, de féminilité désincarnée. Ou de haute désincarnation
sexuelle, de pulvérisation féminine, d’atomisation séraphique de la chair
mortelle.
3 - Certaines voix vous accusent d'avoir utilisé l'image d'une
"Barbie hollywoodienne" médiocre et artificielle pour en meubler
stérilement le net. Ces mêmes voix vous soupçonnent également d’entretenir des
feux malsains à son égard depuis qu’elle est décédée. Que pouvez vous leur
répondre ? Seriez-vous superficiel dans vos choix esthétiques ou
éprouveriez-vous une fascination morbide à l’endroit de sa défunte personne ?
On pourrait en effet interpréter mon comportement
obsessionnel comme une sorte de fascination morbide -somme toute
assez banale- pour la beauté terrestre devenue pourriture. Mais en fait
c’est beaucoup plus complexe que cela. La mort pour les esprits supérieurs
de mon espèce c’est aussi la “mise en lumière” de la vie terrestre, si je
puis dire. Si fascination il y a, et il y a fascination je ne peux le
nier, ce n’est pas surtout dans le sens de la fleur qui devient fumier -la
mort physique donc- mais dans le sens du fumier producteur de
“vapeurs spirituelles”. Après la destruction physique du corps, place à l’éther
! Les gaz de la mort, c’est aussi l’image de l’esprit s’échappant du
tombeau. La beauté fawcettienne, devenue ossements, n’a plus lieu d’être. Ne reste que l’essentiel, impalpable. La beauté sans plus de support visible. Vous
savez c’est comme un château de sable après le déluge : les grains sont
éparpillés, il ne demeure que le souvenir du fragile édifice englouti par
l’océan, une fumée mnésique qui concrètement ne représente même plus une
ombre et qui pourtant constitue le socle de la pensée future de
l’enfant portant encore dans son coeur cette si éphémère
conception idéalisée... Je ne cesse de répéter ce que disait avant moi
Saint-Exupéry : “l’essentiel est invisible pour les yeux”. J’en
reviens toujours là.
4 - De quelle manière associez-vous
Farrah Fawcett à la lumière ? Quel a été le mécanisme subtil qui vous a
poussé à cette adoration ?
Il serait certes facile d’évoquer l’éclat de sa toilette
sophistiquée. Cependant le rehaussement de sa beauté naturelle par le fard
superficiel va dans le même sens ascendant : tout chez elle participe au
triomphe du beau. Après tout que ce soit par voie ordinaire ou sacrée,
l’important n’est-il pas que les regards s’élèvent ? Sous la flamboyante
chevelure d’or et de lumière, la cervelle fut moins brillante toutefois.
Ce qui prouve que le salut, du moins chez la femelle créature, passe
prioritairement par la beauté, non par la pénétration intellectuelle et qu’en
cela la beauté est une cause supérieure.
5 - On sait que cette fascination pour Farrah Fawcett remonte à votre
enfance. Pouvez-vous dévoiler, pour vos lecteurs, d’autres sources
d’éblouissement ayant pris racine dans le paradis de l'enfance ?
Je n'en vois pas d'autres. Ou alors je les ai oubliées.
6 - Vous avez donc été fasciné par la beauté de Farrah Fawcett
dans votre enfance, mais vous n’avez commencé a en parler qu’après sa mort.
Pourquoi cette obsession esthétique ne s'est-elle pas déclarée plus tôt que ça,
lorsqu'elle était encore vivante ?
La mort justifie bien des attitudes étranges, paradoxales ou baroques
savez-vous...
7 - Comment cet obsédant amour de la Beauté a-t-il marqué votre
création littéraire ?
Aussi simplement - et impénétrablement - que l'authentique
esthète est toujours inspiré par ce qui le touche au plus profond de lui.
8 - Que répondez-vous à ceux qui ne voient en Farrah Fawcett que
le rouage central d’un système mercantile bien huilé -cynique et
manipulateur- tournant à plein régime, l’image d’une divinité de pacotille
propulsée au firmament des séries B par une vulgaire publicité pour de la pâte
dentifrice, le symbole même d’une beauté frelatée conçue pour une implacable
exploitation commerciale ?
Je leur réponds que la beauté est irréductible et que le reste
n'est que pollution, perversions ou trivialités. Certes la beauté de Farrah Fawcett
a été exploitée jusqu'au dernier dollar mais peu importe. Est-ce que le soleil
se soucie que des financiers fixent aussi arbitrairement que follement le prix
de ses rayons ? Il brille, c'est tout.
9 - Vous n'avez encore écrit aucun texte onirique sur Farrah Fawcett,
n’avez-vous jamais songé a cette possibilité ?
La beauté de Farrah Fawcett est en soi un voyage intérieur.
10 - En parlant d’onirisme, n’avez-vous jamais rêvé de Farrah Fawcett
?
Si j'en ai rêvé je n'en ai pas le moindre souvenir. Cela dit, le fait serait parfaitement
anecdotique. Votre question est d'une totale insignifiance, permettez-moi de
vous le signifier et même de douter de votre talent de journaliste... Ou alors
c'est parce que vous êtes une femme que vous me posez une question aussi
inepte.
11 - Maître, on sait que la cinématographie hollywoodienne vous est particulièrement insupportable. Avez-vous vu une oeuvre issue de la filmographie
de cette actrice ? Si oui, laquelle ?
Oui, j'ai d'ailleurs oublié le titre de l'unique film hollywoodien
dans lequel j'ai pu voir jouer ce mince volatile. C'était une production filmique insipide. La comédienne fut
médiocre dans ce rôle tardif et sa beauté déjà déclinante.
12 - Seriez-vous d'accord, Raphaël Zacharie de Izarra, pour que l’on
continue cette interview avec une autre série de questions sur Farrah Fawcett
et votre activité littéraire, un autre jour ?
Avec grand plaisir, à condition que vos prochaines questions
soient plus intelligentes que vous. Quand on n'a pas hérité de la beauté
fawcetienne madame, on se rattrape sur l'esprit.