Dans ce monde criminellement standardisé, tristement lissé, inhumainement édulcoré, lamentablement dénaturé, frileux, épilé, châtré, faible, appauvri,
j’apparais comme une monstrueuse singularité, un OVNI d’authenticité, une
outrance de pensée brute, un furoncle de personne réelle.
L’incarnation de ce qu’il ne faut surtout pas être : normal.
Un humain grandeur nature qui pense, conçoit, avance, agit de façon sensée,
libre, indépendante.
Sans les artifices imbéciles et autres délires de cette société malade
soucieuse de niveler les individus, les idées, les sentiments selon ses critères
morbides.
Société désaxée tombée d’un côté dans la folie de la transgression, de
l’autre coté dans l’hystérie de l’auto-censure.
Tourner systématiquement en dérision les saines valeurs tout en réprouvant
les “aspérités” de langage des “arriérés”.
Telle est la norme en vogue.
Ce monde en toc peuplé de caniches annelés et de poulettes
déplumées -interchangeables- a peur du vrai. La justesse des mots effraie les
adeptes du faux. C’est pourquoi sont proscrits certains termes hier banals,
aujourd’hui brûlants de subversion...
Aussi, lorsque je laisse parler mon coeur, faisant abstraction des concerts
de bêlements abâtardis de tous ces émasculés qui m’entourent, chacun de ses
battements est un coup de massue dans leur face de carton.
Chaque réflexion sortant de mon esprit intègre est une tomate pourrie jetée
en pleine poire de ces d’efféminés. Une torgnole galactique, un tonnerre de vérités sans masque ni ornement qui terrifie les suffragettes.
Et leurs alliés soumis, ces toutous féminisés faisant office de mâles, de
conjoints, de maris. Ces porteurs de frisettes se croient des hommes mais même
quand ils sont musclés, poilus, tatoués, burnés, leur mentalité est efféminée :
ils parlent comme parlent leurs femmes gauchisées...
Eux les êtres raisonnables, moi l’ogre insane ?
En réalité je ne suis nullement carabiné. Pas plus gratiné. Ni cinglant ni
brutal. Encore moins fabuleux ou horrible.
Je suis simplement entier.
Ordinaire.
C’est eux qui sont des loques, des larves, des avachis, des mollassons, des
handicapés de leur humanité, des infirmes de la véritable fierté, des amputés de
leur dignité.