Sachez qu'en général je me meurs d'ennui. Je suis un oisif, une espèce d'aristocrate désoeuvré en quête de folles aventures et de molles épreuves, de flammes féroces et de futiles occupations. Je fais peu de sentiments, beaucoup d'esprit. Je tue les heures de mon existence trop facile à coup de mots bien placés, de pensées démesurées et d'émois d'un autre monde.
Apprenez également que mon patronyme est éclatant. Il est tiré de la petite cité nommée "Izarra", au pays basque espagnol. Toutefois je n'ai jamais mis les pieds en ces régions barbares. Je viens d'ailleurs en vérité. Je suis né sous les lueurs de la nuit.
Mes pères, les Anciens, viennent du ciel. Ils descendent des astres. Mon nom "Izarra" signifie "Etoile", en souvenir précisément de l'une de ces lumières qui brillent aux nues et d'où je suis issu. J'ai l'allure fière, le verbe haut, et mes idées sont fermes. Ma poitrine porte les marques vives de ma gloire : des blessures imaginaires héritées au cours de duels (j'ai dû voler lors de quelques songes au secours de femmes à la vertu offensée...).
Je suis craint et respecté, mais surtout très aimé. Et pas uniquement des femelles. Mes terres sont presque aussi vastes que celles des plus fortunés propriétaires et seigneurs de renom. C'est là le legs de mes ancêtres, royaumes conquis au prix d'un bien noble sang... L'étendue de mes richesses n'a pas d'équivalent, en aucune contrée que je connaisse.
L'or et la musique sont les hôtes continuels de mon château où l'on n'y boit en nul autre lieu meilleurs vins. La fête, l'art et la danse forment l'ordinaire de mes jours insouciants. Avant tout je suis un inactif, je le répète. Les vierges convoitent mes dignes étreintes, non seulement les plus élégantes et les mieux tournées de nos campagnes, mais encore les filles des grands seigneurs des provinces reculées, et même les très lointaines princesses de l'Orient. A croire que ma renommée ne connaît point de bornes.
Mon coeur a cependant déjà choisi. Je n'ai pas ignoré les intrigues d'alcôve, très souvent déjouées par les jaloux, les rivaux, les éconduits. Combien de fers croisés pour la conquête d'un hymen ? Ou pour défendre l'honneur de dames imprenables ? L'amour idéal commence par un coup d'épée, une cicatrice, des larmes. Je suis un chevalier, un prince, un roi. Soyez disposés à l'entendre ainsi. Et qu'il en soit de mes rêves comme il en est de vos plus chers désirs de roturiers.
Me voici donc présenté à vous en toute simplicité.
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