A Ostende l'onde est un songe, la lumière une vague, l'écume une bière âcre.
Là-bas les mouettes se lamentent et les hommes ont l'âme lourde, ce qui est hautement réjouissant car en ces lieux d'agonie tout ce qui gémit est béni.
On vient sous ce ciel non pour y mourir mais pour voir mourir : dans cette ville en perpétuel automne la mélancolie est un spectacle intime. Les nuées y sont sombres, les consciences brumeuses, les flots lumineux.
A Ostende au casino face à la mer on joue, on perd, on pleure : on est heureux.
Dans cette capitale de la nostalgie l'amour est lunaire, la mort intermédiaire, la vie un interminable regret.
L'existence y est pâle, sereine, quasi funèbre. Dans cette cité s'écoulent les destins cachés les plus délicieux.
Au bout des rues il y a plein de vieilles en rouge à lèvres qui traînent leurs secrets nocturnes glorieux et désuets : dans ce demi-jour flamand une tendre poussière recouvre les coeurs séniles.
On va vers le passé et on revient sur ses pas, indéfiniment. Pour s'en aller plus loin encore. Et rester sur place finalement. C'est-à-dire dans un rêve éternel que le temps a pétrifié.
Ostende est un crépuscule égaré entre la mer et les étoiles, figé dans un siècle de naphtaline.
Ostende est un crépuscule égaré entre la mer et les étoiles, figé dans un siècle de naphtaline.
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