Je suis si âgé que plus aucune vérité ne m'effraie.
Aucun feu de ce siècle ne saurait me brûler et rien de ce qui vous enflamme
ne me blesse ou me caresse.
J'ai plus de mille ans sous chaque sillon de mon front, c'est tout comme
car j'ai atteint bien mieux que la sagesse : au bout de ce long voyage allant du
berceau jusqu'au seuil du cimetière, lustres après lustres, pas après pas, rides
après rides, je suis arrivé à la vraie liberté.
Mon regard sur les choses, après tant de vécu, tant d'amis morts et
d'illusions perdues, tant d'étoiles aperçues et tant de temps voué à poursuivre
des chimères, tant de jours à attendre la nuit en espérant toucher des
rêves et tant de nuits à marcher vers l'aube pour mieux sortir de ces cauchemars,
mon regard sur les choses, disais-je, s'est allégé de toute crainte, débarrassé
des surfaces comme des vains éclats.
Et je n'ai plus que les yeux de l'enfant
pour la fleur, la folie du papillon pour la lumière, l'ivresse de la mer entière
pour l'océan d'azur qui est au-dessus d'elle.
J'ai plus de mille ans et j'ai quitté votre terre de ronces et de futilités
depuis que, me croyant sénile, vous avec cessé de m'écouter.
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