J'étais une âme puérile poussée sous le Soleil de l'insouciance et me gavais
de sucreries.
Contenté par un rien, contrarié pour des peccadilles, je considérais le
monde avec l'oeil féroce et naïf d'un tyran en culotte courte. Mon coeur se
résumait à un ventre. Pour moi, seuls comptaient les bonbons. Et,
accessoirement, ceux qui pouvaient m'en fournir.
Le reste ne valait pas grand-chose à mes yeux.
L'enfant blond et inoffensif qui courait dans les rues de Warloy-Baillon
s'apparentait en réalité à un ogre en quête de friandises, à un porcelet se
vautrant dans les confiseries, à une gueule de loup avide de pralines, de
chocolat et de sucettes.
A huit ans, je dévorais tout ce qui pétillait d'acidité, brillait de
promesses gustatives et enflammait mes papilles. Je ne voyais plus que la
lumière des vitrines où j'allais me régaler de trésors sucrés ne coûtant que
quelques sous. Les épiceries, véritables temples dédiés à mes petits dieux
melliflus, incarnaient la perfection de l'Univers.
Et puis je découvris l'amour. Le vrai. Le grand. Le beau.
L'azur.
Pour lui je désirais m'envoler, m'alléger, me dépouiller de mes artifices
caramélisés.
Je sentis naître des ailes de chacun de mes côtés.
Au-dessus de ma tête j'avais l'image de l'infini, le parfum de la liberté,
la couleur de l'Eden. Il me suffisait d'écarter les bras pour goûter à un autre
bonheur... Et là, ce fut aussi éblouissant que vertigineux.
Le ciel devenu mon nouvel horizon me montrait des éclats plus riches que le
miel.
Les nuages plus doux que la guimauve m'emportaient vers des immensités
lumineuses. Beaucoup plus loin que les saveurs éphémères de mes habituelles
gourmandises.
Je grandissais encore un peu plus au milieu des airs, le regard perdu dans les hauteurs.
Vers mes dix ans, en redescendant sur Terre, je ressemblais à un aigle. D'un bleu resplendissant.
Et j'écorchais les moineaux obèses restés au sol à grands coups de bec.
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