Sur la Lune il n'y a ni fleurs, ni ruisseaux, ni oiseaux, ni la moindre
trace de vie. Pourtant elle recèle pour moi mille sources de joie.
Il n'y a chez elle que des ombres et du vide, de la sécheresse et du
silence, des pierres et un océan de poussière...
Et je m'émerveille de ces misères, m'enivre de cette désolation, frissonne
de bonheur face à cet éclatant dénuement !
Si sur Terre la verdure et l'azur sont les couleurs de la douceur de vivre,
le froid et le feu du satellite sont les visages tranchés de la beauté de la
mort.
Les premiers sont exquis, les seconds vertigineux.
Pour la flore riche et nuancée de notre globe bleu, mon coeur bat comme le
vôtre, tout banalement. Mais pour les charmes uniformes du sol lunaire, mon âme
entre en extase.
L'herbe, l'air et l'eau font simplement palpiter ma chair et circuler mon
sang, alors que le cratère et le régolithe éblouissent mon esprit.
Les uns me mettent du plomb dans la tête et de quoi bien me remplir le
ventre. Les autres, me délestant de toutes mes terrestres lourdeurs, me donnent
des ailes.
Sur notre planète, je suis plein d'artifices et brille parmi mes semblables. Mais
pèse autant qu'une statue de marbre.
Tandis que dans le désert sélénien, réduis à l'essentiel, j'apparais plus
terne à leurs yeux.
Sauf que, devenu beaucoup plus léger, je m'envole.
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