Dans le royaume aseptisé, stérilisé, masqué de la pathologie physique et mentale, le mot "normal" passe
mal...
Les handicapés et leurs soignants rechignent à utiliser ce terme dans leurs
discours. Ils préfèrent aborder le sujet sous des angles plus policés, qu'ils
estiment également plus "positifs".
Ils refusent d'opposer la délétère infirmité à la salubre normalité.
Au nom de leur humanisme de surface, ou bien de leur frilosité à nommer un chat un chat, ou pire encore, au nom de leur conception tordue de l'état de morbidité, ils ont remplacé la vérité par
l'hypocrisie, le bon sens par le mensonge, l'évidence par l'aberration.
Ils ne cessent de trouver des "charmes fous" à la débilité, de découvrir des "trésors précieux" dans la misère, de prétendre être éblouis par les pures "beautés" de la disgrâce...
A les entendre, venir au monde avec des flétrissures serait une vraie chance ! Pour ne pas
dire la panacée.
Pour eux la béquille est estimable et la vitalité suspecte.
A leurs yeux, les invalides, les estropiés, les malformés sont
nécessairement doués de toutes les vertus. Et les gens sains, fatalement insolents, méchants, insensibles et injustes qui devraient
regretter d'être nés beaux, grands, forts au lieu de s'en réjouir...
Et peut-être aussi avoir honte d'être issus de moules si "ordinaires", si "classiques", si "attendus"... Et surtout ne tirer nulle gloire de se constater hétérosexuels non trisomiques avec des
tailles régulières, des corps équilibrés, des membres proportionnés, des traits
harmonieux...
Toutes ces conventions naturelles qui, dans leurs têtes retournées, sont associées à des
tares.
Prendre en exemples indépassables le corps et l'esprit vaillants équivaudraient, selon eux, à vouloir instaurer la dictature de la multitude bien portante... Alors que la véritable offense, elle est dans le fait de montrer du doigt la personne sans altération et fière de son intégrité. Donc, coupable d'homogénéité, de manque d'originalité.
Avec le triomphe de la pensée politiquement correcte, les dissemblances corporelles, dégradations anatomiques, avilissements esthétiques, déviances sexuelles, et mêmes les pires dérèglements socio-culturels, ont été portés aux nues.
La carence, la difformité, l'anomalie, la faiblesse sont devenues des valeurs en soi. Et les impotents, surtout s'ils adoptent un comportement victimaire, sont vus comme de belles âmes chargées des meilleures intentions, susceptibles de faire progresser l'Humanité...
Et c'est l'homme bien fait, solide, vigoureux, en pleine capacité de ses moyens qui devrait apprendre de son "maître" courbé, brisé, diminué. Et non l'inverse !
Selon les critères dominants, il serait louable de valoriser l'image de l'imperfection, mais ignoble de promouvoir celle de la bonne santé organique et psychique, congénitale et génétique !
Comme si les standards de conformité affichés en dignes modèles représentaient une injure envers les déshérités du sort... Comme si ces derniers incarnaient le sommet de la perfection humaine, à travers leur imperfection précisément.
Naître bien constitué est la chose la plus souhaitable qui soit pour chacun d'entre nous, que je sache. Et aucun
parent sensé ne désire avoir des enfants non conformes aux éternels archétypes.
Pourtant si dans notre société vous faites l'éloge de l'idéal humain plein de puissance et d'éclat, vous passez pour un nazi !
En réalité tous ces malbâtis, contrefaits et disproportionnés aimeraient ressembler à des êtres communs. Cette tendance à vouloir encenser le défavorisé de naissance sous prétexte de donner une visibilité aux singularités, de s'ouvrir aux diversités, de faire régner l'égalité tous azimuts est une attitude malsaine.
En ce domaine, pour peu que nous ayons une bonne hygiène intellectuelle et morale, nous aspirons tous à faire partie de l'opportune banalité. Et non de cette indigente pluralité, si perversement glorifiée...
Bref, la vraie richesse ce n'est pas la "différence" comme ils disent, mais la
norme.
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