A Clinchamp, il pleut des pleurs.
Sur les toits autant que sur les têtes. Dans les fossés et dans les âmes
tout à la fois. En mars comme en toute autre saison.
Des flots d'ennui s'écoulent de chaque heure qui passe. Des ombres
recouvrent les jours interminables qui stagnent. Et des averses de tristesse
s'abattent au fond des bois pour y former des mares de désespoir.
Seuls brillent les mortels dimanches, éclairés par le soleil tiède, flasque
et sclérosé de l'infini torpeur.
Ces mortuaires éclats font pousser des rêves mornes sur ces terres sombres,
émerger de leurs marécages les pensées ternes, gémir les coeurs, soupirer les
pierres.
Et chanter les tombes.
Les sépultures du cimetière sont, en effet, les dernières choses vraiment
inertes qui respirent le bonheur dans ce village d'enterrés !
Dans ce clocher aussi prostré qu'un rocher, il y coule de sempiternelles
larmes.
En ce lieu de tous les engloutissements, le ciel ressemble aux champs, l'horizon
plat est sans guérison et les matins sont semblables aux soirs.
Au-dessus de ce monde qui s'engloutit dans les gouffres de l'oubli, les
nuages amers et sans remords sont pleins de sel. Ils répandent des sanglots dans
les rigoles et de l'eau sur le sol. Rien de plus.
Le seul espoir qui tienne encore debout, là-bas dans ce pays de lourdeurs,
ce sont les vaches fines et élégantes qui, avec leurs ailes de fées, apportent
un peu de légèreté à cet azur de plomb et cet asile de ploucs !
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