Emprunter les chemins de Clinchamp, c'est aller à la découverte du ciel et
des marécages tout à la fois, prendre les directions opposées des nuages et de
l'ombre, se laisser emporter par l'horizon autant que par l'inertie.
On s'égare dans ses pensées les meilleures au bout de seulement quelques pas, quand on part si loin dans l'aventure locale...
Ce village enfoui sous des flots d'ennui, oublié du reste du monde,
enseveli sous un dimanche éternel, est l'asile des oiseaux fatigués cherchant
plus de légèreté, le refuge des âmes lourdes en quête de crépuscules
consolateurs, le repos des promeneurs écoeurés par les voyages clinquants et
consuméristes de la civilisation.
Je veux parler des vacanciers lassés des artifices et mensonges de ces
royaumes fastueux et factices conquis à prix d'or entre juillet et aôut.
Ici, tout est authentique, gratuit, à portée des plus humbles. Le bonheur y
est aussi proche que possible pour qui ne souhaite que l'essentiel. Et difficile
d'accès pour le mortel qui ne voit pas que la richesse des choses est dans la
simplicité, la sobriété, le dépouillement.
Parcourir ce pays à travers ses sentiers de poussière et de cailloux, c'est
s'y enfoncer par la voie royale, la seule qui soit bordée de légendes, de
vieilles racines et d'intemporel mystère. Ces secrets ne sont révélés qu'à ceux
qui prennent le temps de rêver, de vagabonder entre les fossés, les herbes
folles, les buissons et les piquets ponctuant ces parcours aux apparences
anodines...
Et qui ne craignent point de sentir l'odeur vraie des bouses de vaches.
Marcher là-bas, déployer ses ailes et se retrouver si vite en altitude, si
haut en soi alors que l'on est pourtant encore si près du sol, c'est également
effectuer un vol intérieur.
C'est prendre de la hauteur, les pieds profondément enracinés en cette
terre de tous les départs poétiques.
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