Le matin éclaire le monde de son éclat glacé et je me lève tel un pic.
Aujourd'hui tout comme hier, j'ai un sommet à atteindre, un royaume à
conquérir, un horizon à dépasser : mon corps à sculpter.
Je veux devenir une statue de muscles et d'élégance. Un marbre de chair
fine et ferme. Une figure de puissance et d'équilibre.
Une plastique divine.
Je cours et me mets à monter, je saute et je sens que des ailes remplacent
mes bras, je perds haleine et je m'envole !
L'effort me façonne tout en harmonie. Ma peine me donne accès aux palmes.
Mon élan humain me rapproche de la légèreté céleste.
Le sport rend l'homme plus grand qu'il ne croit : il devient l'égal de
l'oiseau.
Et ressemble aux anges énergiques.
En transpirant, soufflant, m'activant sans jamais faiblir, je progresse, me
fortifie, me déleste de mes inutiles pesanteurs.
Et brille jour après jour, aussi beau qu'un astre.
Tandis que mon anatomie entre en guerre, mon âme s'apaise. Oui, quand ma
carcasse souffre, mon esprit se repose. Le travail musculaire est une détente
royale : seuls les aigles de ma race ont ce privilège.
Alors que certains suent en pestant comme des rats rampants, nous les joyeux
athlètes nous voltigeons dans la douleur.
Bref, au bout de ma fatigue, loin de mon point de départ, après avoir
emprunté l’âpre chemin des héros, enfin parvenu en haut de la montagne, une
porte olympique s'ouvre devant moi.
La lumière qui en émane magnifie ma silhouette.
J'ai gagné mon trophée esthétique.
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