La campagne s'appesantit sous le ciel d'été.
Dans le lointain, un toit de chaume dissipe une fumée ténue dans l'air. La
chaleur et le silence confèrent une atmosphère solennelle au paysage, comme s'il
était figé dans une sempiternelle torpeur dominicale.
Les grands arbres, que nul vent n'agite, ressemblent à des cathédrales. Et
les carrés de verdure font penser à des gazons de cimetières sous lesquels
gisent d'augustes défunts. Enfin, l'horizon indistinct où la sylve se mêle à
l'azur, rappelle les brumes entrevues dans de vieilles toiles recouvertes de
poussière.
Dans ce magistral tableau champêtre où je me trouve, pétrifié et pourtant
bien vivant, tout semble irréel, comme issu d'un rêve.
On dirait que ce monde n'est qu'une image, un simple décor, un théâtre vide
où rien ne se passe.
Et en effet, aucun signe de vie, pas une onde de joie ni le moindre éclat
de bonheur n'est perceptible depuis là où je suis.
J'ai l'impression d'être entouré de tristesse, de baigner dans une lumière
de mort, d'observer une peinture pastorale sinistre, pareille à un jour de
funérailles.
Et, déçu par cette terre promise où l'herbe est censée être plus claire et
plus tendre qu'ailleurs, je m'en retourne bien vite dans l'ombre gaie, les nuits
furieuses et le béton prometteur de ma cité heureuse !
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