Mars a le visage pâle, les cheveux trempés et les pensés givrées d’une marchande de poissons au charme funèbre, au corps anguleux, à la voix rauque, aux traits de silex, aux doigts comme ceux d’un cadavre, au regard plein de nuages et d’azur.
Germinal a une face troublante, incertaine, confuse, fluide et pénétrante. C’est un grand frisson qui glace les os, réchauffe les labours, nous égaie de ses rigoles. Comme un manteau mouillé. Entre joie et larmes. C’est une saison faite d’ombre et de rêve, de neige et de cendre, de pluie et de lumière.
C’est une drôle de fée heureuse et taciturne. Une sorcière morose au front argenté. Une sirène terne se mirant dans les flaques.
Le mois flou envoie ses flots d’ennui vers tous les horizons. Ses sentiments sont aussi froids que fluides, ses gifles aussi flasques que tranchantes, ses réflexions aussi fangeuses que célestes. Et ses murmures, toujours sérieusement humides.
Ce temps aqueux est une vaste limace visqueuse, une flamme molle, une femme dévastée qui pleure et qui rit, comme une vague farce du soleil jouant avec l’onde tout en chantant ses airs aériens.
Et moi je sombre dans les clartés mélancoliques de mars pour y faire germer ma brume et que fleurissent mes mots, aussi sûrement que la giboulée féconde le sillon.