Il en faut peu pour mon bonheur.
Offrez-moi une boîte de sardines à l'huile pour mon prochain déjeuner, cela
me comblera.
J'en ferai tout un festin, heureux comme un roi !
Alimenté d'humilité, de sobriété et de saines choses, je ne réclamerai rien
d'autre qu'un peu de pain, peut-être. Et d'un seul verre d'eau, je conclurai ce
banquet, à la mesure de mon appétit de plume.
Je veux non seulement de la simplicité dans mon assiette, mais encore de la
légèreté pour mon esprit.
En ouvrant ce genre de conserve, je nourris mon âme d'azur.
C'est en avalant cette chair de poisson qui trempe dans la graisse d'olive
que je reste le moins longtemps attablé.
Vite repus de cette nourriture sans artifice, pour unique dessert je ne
désire alors plus que le ciel.
L'estomac satisfait de ce gras salutaire, je n'ai plus besoin d'aucun plomb
dans mes semelles pour me maintenir si bas sur terre.
Ne plus avoir faim après avoir mangé comme un moineau me donne des
ailes.
Après avoir vidé le maigre contenu de ce récipient en ferraille, je me mets à
m'envoler et chanter, aussi aérien que possible, irrésistiblement attiré par la
beauté d'en haut.
Comme si je venais d'ingurgiter le plus divin de tous les
nectars, lequel est en réalité le repas du pauvre.
Le seul qui procure l'ivresse supérieure : le vertige de l'essentiel.
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