La ville est pleine de crasse brûlante, de rats suffoquant et de fracas
estival.
L'air y est irrespirable, les hommes y sont enlaidis par leurs passions
vulgaires et pour moi les jours sont devenus des heures stériles à attendre le
retour des flots libérateurs de l'automne.
Je préfère fuir ce mois sans espoir où les touristes s'abreuvent de néant,
pour aller à la rencontre de la paix sylvestre et des rêves champêtres d'un trou
que je connais bien, au fin fond de la campagne.
Cet éden de verdure, de bois et de fraîcheur se nomme "le coin perdu", et
j'y suis plus heureux qu'un roi en son palais.
Entouré d'arbres, d'herbes folles et d'azur, hors de portée des clameurs et saletés
de la cité, dès le crépuscule je pose ma tête sur un nuage, étends mes bras
jusqu'à l'horizon, plonge le regard dans le ciel et m'endors, les pensées dans
les étoiles...
Et tandis que je vogue entre le sol et l'infini, autour de moi la faune me
frôle, la flore me berce, le vent m'accompagne.
Mon voyage se poursuit aussi loin que possible dans les constellations,
très haut au-dessus du monde. Tout proche de l'humus cependant, où se repose mon
corps las. Jusqu'au lendemain matin, je demeure en ce lieu secret de la
cambrousse, inconnu du reste de l'Univers, bien caché entre broussailles et prés
sauvages, friche verte et terre anonyme.
Et pour moi l'été à l'ombre des végétaux, au contact des éléments, se
transforme en une aventure aussi statique que fantastique où le calme croise la
solitude et le silence se concerte avec l'âme légère que je suis, pour faire
surgir au sein de la Création, au centre de la nuit, au coeur de la lumière, les
flammes bleues et glacées de la poésie.
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