Par quel mystère la femme vieillit-elle systématiquement mal et son
conjoint, tout au contraire, s'épanouit et se porte à merveille avec l'âge
?
Le mâle est comme le vin de caractère : sa virilité se bonifie au bout de
longues années. Tandis que la femelle a la fragilité de la rose qui se fane en
une seule saison.
Par leur peau, leur tête, leur visage, leurs corps, leurs pensées, leurs
regards nécessairement différents sur eux-mêmes et les choses du monde, ils sont
opposés.
L'homme se fortifie avec le temps, tel un chêne. Sa compagne, plus flasque,
plus faible, plus chétive, plus vulnérable, après avoir brillé un moment,
devient terne et s'étiole à travers ses rides et boursouflures.
Alors que le sexe dominateur, beaucoup moins inquiété par le poids des ans,
porte une belle barbe blanche et arbore les lignes expressives de la vieillesse
avec grande noblesse. C'est un lion plein de majesté qui mûrit avec éclat.
Aux yeux de Vénus, les premiers sillons frontaux entrevus dans son
miroir dès l'approche de la cinquantaine sont une flétrissure. Pour Mars, ils sont la signature éclatante de la sagesse qui s'incarne en lui : la forme élevée
de l'authentique beauté. La patte d'oie et le cheveu gris sont pour lui des
lauriers.
Pendant que son épouse se transforme en charogne, il se change en statue.
Telle est la loi de la Création.
Chez la première ces marques faciales sont perçues comme un outrage. Chez
le second elles sont assimilées à un embellissement de sa personne. Ainsi ont
été conçus Adam et Eve.
Il faut bien admettre que la face décatie de la mégère ressemble à une
grimace et que le visage buriné de son époux s’impose et resplendit, aussi digne
qu'un marbre... Les deux sont fatalement inégaux devant l'impartial jugement des
décennies.
Et le siècle, à la fin, retient l'un et oublie l'autre.
Le patriarche est un astre qui blanchit et s’éternise dans le firmament des
souvenirs humains. La matrone quant à elle, est une concierge grotesque qui,
dans tous les sens du terme, s'épaissit, s'amollit, s'alourdit avant de finir
dans les fumées ultimes de l’insignifiance.
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