Il a les yeux bleus, des idées d'avenir dans son jeune crâne, le regard
dans le vague... Avec tous ses cheveux dans le vent.
Moi je préfère me raser la boule, garder la tête froide et penser au
présent.
Il a le coeur neuf des juvéniles idéalistes dans le coup. J'ai la flamme
sacrée des invincibles seigneurs aux crocs de loup.
Perché dans ses hauteurs artificielles, il se prend pour un soleil éternel
mais en réalité ce hippy des chemins balisés n'est qu'une vague de l'été qui
passe pour s'éteindre dès la première pluie de septembre...
Entre moi et lui, c'est le jour et la nuit.
Je suis une vieille âme rigide que la poussière des siècles a rendue aussi
claire que les nuages, mûre tel un chêne aux racines d'acier, vaste comme
l'océan des séculaires certitudes.
L'oiseau blanc, ce n'est pas lui le déplumé aux pieds nus, pas lui le fétu
d'herbe à la mode, pas lui la fumée en vogue qui va et vient entre le rêve et le
néant. C'est moi le bien chaussé aux ailes d'enclumes, avec mes bras immenses
embrassant l'azur et mes semelles de plomb bien ancrées sur le sol.
Je vole haut dans les airs mais ne quitte pas pour autant mes bottes
impériales, restant fidèlement attaché à mes terres ancestrales.
Il est doux et léger, pâle et tendre, pacifique et inoffensif. Mais demeure
une fleur stérile et inodore dans son carré de verdure, encerclé de champs de
navets.
Tandis que je suis un astre majeur : j'écrase tout ce qui n'égale pas ma
lumière.
Lui n'est qu'une onde, une pauvre chandelle qui vacille, rien qu'une
abstraction fade alors que moi je suis un feu à la morsure de glace !
Sa route s'achève aux premières désillusions du voyage, en plein élan, aux
derniers mirages avant la chute.
La mienne continue, toujours droite, nette, franche, car au lieu de
poursuivre un horizon de toc et de paille, contrairement au pouilleux de
Katmandou, je vise non seulement l'infini, le vrai, le juste, mais avant tout
le Beau.
VOIR LA VIDEO :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire