L'intelligence, c'est bien beau mais au final, pour en faire quoi ?
Tout le monde la chérit, court après, s'en réclame, mais au bout du compte,
pour quel véritable but ? Lustrer son ego ? Briller en société ? Epater la
galerie ? Posséder une voiture plus grosse que celle du voisin ? Se gonfler
d'orgueil ? Ecraser les autres ?
Quelles vacuités !
Si c'est pour la gaspiller à de si vulgaires usages, alors cette lumière
tant convoitée ne sert à rien.
Tout en faisant preuve de beaucoup de bêtise, il est possible d'être non
seulement parfaitement heureux, mais encore répandre le bien autour de
soi.
Qu'est-ce qui définit d'ailleurs l'une et l'autre ? La capacité de résoudre
rapidement un sec et stupide problème de mathématique, de réparer un ordinateur
en panne, de concevoir un engin technologique complexe ? Ou en féfinitive, avec plus de sagesse
et plus glorieusement, le talent inné, la richesse essentielle
consistant à rendre les rapports humains agréables et harmonieux ?
Faire fonctionner son cerveau d'exception pour finalement vivre en guerre
avec ses semblables, quel intérêt ? Autant acheter un mur de plomb avec
une pierre en or.
La pénétration de l'esprit peut être une arme, la sottise une caresse. La
première est vouée à détruire, la seconde à construire.
En dernier ressort
chacun a le choix, la prédisposition, la vertu ou le vice d'utiliser le plein ou le
creux qu'il a dans la tête soit comme une épée, soit comme une charrue. Sur ce
point les simplets et les lumineux sont égaux : leur front demeure à la même
distance du sol et du ciel. Qu'elles soient éteintes ou allumées, ternes ou
brillantes, froides ou brûlantes, les ampoules humaines jouissent du même libre
arbitre.
Cela dit, la nature subtile et aiguë aura tendance à succomber aux tentations des tortuosités de l'ombre et aux vertiges du péché, et au contraire l'héritier
de l'épaisse couche de graisse autour du ciboulot flottera plus facilement dans
les nuages de l'innocence, tel un obèse sur l'eau.
Le sur-diplômé hautement intelligent n'est pas nécessairement une bonne
personne sous prétexte qu'elle est dotée de facultés mentales supérieures. De
même, l'âne à la cervelle vide est capable de belles et saintes oeuvres : avoir
la vue basse n'est pas incompatible avec la production de clarté.
L'imbécile nage généralement dans un bonheur simple et sans malice car il
est naturellement peu porté sur le mal : son âme limpide est légère. C'est un
pragmatique qui vit à la mesure de ses faibles moyens intellectuels. L'adepte de
futiles abstractions cérébrales, quant à lui est plus enclin à souffrir pour des
chimères et à porter des fardeaux absurdes, à penser inutilement à des choses
qui fondamentalement n'en valent nullement la peine, perdant son temps à rêver
sans fin à des affaires sans importance, à se poser des questions philosophiques
qu'il sait pertinemment insolubles... C'est un tourmenté inadapté à l'existence
ordinaire.
Le haut-potentiel, cet attardé atavique qui va vainement chercher ses plus
immédiates satisfactions ailleurs que sous ses pieds, reste inaccessible aux
vastes possibilités et infinies étendues horizontales se situant avantageusement
sur le plancher des vaches. Il considère cette terre ferme trop proche de ses
semelles. Lui il aspire à la rupture de tout contact avec la poussière du bas,
ce qui permettrait pourtant de l'enraciner fort judicieusement au réel. Il est
décidément idiot.
Tandis que le cornichon, baignant dans sa bienheureuse ignorance, mûrit
inlassablement au soleil de l'insouciance.
Ce qui le dépasse, il en fait de la purée. De la ratatouille. De la
bouille. Il écrase tout ce qui le domine du seul poids de sa salutaire et
ingénieuse inertie.
Le génie du demeuré, c'est précisément de se maintenir de la sorte, certes
involontairement mais efficacement, au-dessus des plus grandes pensées de son
siècle.
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