Il est déjà bien tard et je n'arrive toujours pas à trouver le
sommeil.
Il n'y a rien que du bruit autour de moi et les lampadaires de la ville
m'empêchent d'y voir clair dans le firmament : je me sens plus à ma place sur ce
globe agité où je suis né. Mes pieds ne me portent plus, j'ai besoin d'ailes. Et
puis la pesanteur terrestre rend mes rêves décidément trop lourds...
C'est décidé, je pars dormir sur la Lune !
Pour ce grand voyage onirique, je vais emporter avec moi une botte de foin
et quelques fagots. Mais aussi une paire de sabots et un vieux chapeau qui me
donneront l'air d'un vagabond des bois.
Ca y est, j'y suis. Mes semelles touchent un horizon vertigineux et ma tête
atterrit dans un ciel nouveau.
Avec soulagement je m'étends sur le sol lunaire pour y regarder tourner la
Terre, heureux de passer la nuit loin des hommes, hors de leur atmosphère,
proche de moi-même.
Etendu dans mon lit de régolithe, bordé de pierres blanches et caressé par
des flammes mortes, entouré d'ombres et de cendre, enveloppé de glace et de
lumière, je me sens aussi léger qu'une plume et plus heureux que tout !
Je me retrouve enfin ailleurs.
Et progressivement je ferme les paupières sur un tapis d'impalpables
réalités.
Le temps d'un songe sans fin, d'un vol à altitude illimitée, d'un délestage
démesuré, je deviens un oiseau immortel, un hibou sidéral, un hôte sélénien
emporté dans les flots inédits d'une folle liberté !
Et j'enlace Morphée, voguant comme un fantôme dans l'espace infini de mon
âme assoiffée de poésie...
A mon réveil, c'est mon oreiller que j'étreins.
J'ouvre alors les yeux sur ce monde que j'ai quitté la veille et, le coeur
encore troublé, jette un regard perdu sur la clarté matinale de ma chambre.
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