Dans une existence révolue, j’ai habité sur la Lune.
Je vivais dans une autre peau, un autre millénaire, un autre monde.
Sur un sol lointain, sous un ciel étranger, dans un jardin reclus.
Je résidais en cet endroit plein de silence et de mystère, contemplant
l’horizon morne et énigmatique. Je m’ennuyais mortellement là-bas, il est vrai.
Mais j’y éprouvais aussi de merveilleux sentiments.
Je m’interrogeais sans fin, mélancolique, au sujet des étoiles, de la
planète bleue, des paysages séléniens figés qui formaient mon quotidien monotone
et beau...
Je passais de longues journées en promenades lentes et solitaires, entouré
des pierres lunaires, observant les ombres changeantes, admirant cratères
et vallons, empruntant des chemins qui me menaient vers des roches et des
sommets, des espaces de rêves et de poussière, des lieux lumineux et
perdus.
En réalité je ne me sentais pas seul du tout : les silhouettes de
roc autour de moi et le visage azuré dans le firmament formaient d’excellentes
compagnies, de jour comme de nuit.
Ces spectres paisibles troublaient mon âme. Ils me plongeaient dans de
profondes ivresses poétiques. Et je vagabondais dans ce grand désert
peuplé d’images, de reflets, de figures vagues, parmi des lignes effacées, des
traces disparues.
Habité par d’étranges et immobiles présences.
Rochers ou fantômes, ces formes amies n’étaient que des statues mais je les
aimais comme des poèmes.
Et je vécus là, longtemps. Dans l’absence de tout, au coeur de l’océan
cosmique, éloigné du réel, bercé par une infinie sérénité.
VOIR LA VIDEO :
https://youtu.be/raugnjGnKN0
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