On me dit insensible, cinglant, glacial, austère, dénué de compassion,
aussi tranchant qu'une guillotine.
Autrement dit, effrayant.
Ce qui est parfaitement exact.
Sauf que mes crocs sont des flammes, mes neiges des éclats, mes tonnerres
des hauteurs.
Si j'arbore une face de loup, c'est parce que j'ai une gueule faite pour
des festins célestes et non pour des grignotages de vers de terre.
En effet, je suis un égorgeur de moutons. Et certainement pas un caniche !
Je broie, fracasse, déchiquète tout ce qui bêle, geint, gémit, pleurniche et
rampe !
Quand j'ouvre la bouche, c'est pour la refermer dans les orages de la terrifiante vérité. Celle qui incommode tant les adeptes des brumes conciliantes du mensonge érigé comme un granit.
Moi je ne jure que par le feu du vrai, du beau, du juste. Et rejette le voile trompeur de la tolérance, l'écume flatteuse de l'humanisme, le flou imposteur de la modernité...
Mes valeurs universelles ne sont pas ces modes du siècle, ces pitoyables arrangements humains, ces mesquineries idéologiques dont s'accomodent les petits, les mous, les médiocres, les faibles, non...
Ma conscience est forgée dans le marbre immémorial de la gloire cosmique, les inextinguibles clartés galactiques, le diamant incorruptible dont s'inspire le souffle de la Création.
Je me range sur la percutante musique divine, non sur les bêlements des brouteurs de pâles pâquerettes.
Je ne fais pas de quartier lorsqu'il s'agit de défendre les couleurs du ciel.
Lorsque je pars en guerre contre les armées de vermine, on entend la chair se déchirer et les os se rompre sous ma
mâchoire intègre. Tel un carnassier sans état d'âme, je réduis les larves en bouillie, les
rats en compote et les serpents en rondelles !
Aucune pitié pour ce qui s'aplatit au ras du sol...
J'ai un appétit d'ogre, une fringale de géant : j'ai faim de montagnes et soif d'océans.
J'avale tout cru le monde immense et ses hôtes minuscules.
Et de mes ailes de rapace, je m'élève dans
l'azur après avoir trempé mes serres rédemptrices dans l'hémoglobine des minables. Je suis un
tueur de poules mouillées, un massacreur de mollassons, un exterminateur de
limaces, un verseur de sangs tièdes !
Pour me nourrir, je ne picore pas des miettes mais dévore des soleils.
Et recrache de la lumière.
Je laisse aux frileux les flasques certitudes du plancher des vaches et me réserve les brûlantes étoiles de l'infini.
J'ai l'envergure de tout ce qui porte plume et brille.
Que les aigles me suivent !
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