Les roses sur le mur forment une tapisserie de ciel et d'épines,
une ramification de rêves et de ronces, un rideau de fleurs et d'amertume.
Elles sont le croisement de la beauté et de l'austérité, de la caresse et
de la brûlure, du baiser et de la gifle.
Les pétales de cette plante de prestige s'allient à merveille avec les
crocs dont ses tiges sont également dotées, et si l'on veut humer le parfum de
l'Eden, il faut prendre le risque de la morsure du loup. C'est ce qui donne tout
son prix à cette futilité.
Lorsque je m'approche de ces dangereuses ingénues pour y respirer l'air
céleste, soit je suis récompensé par une éphémère ivresse, soit j'y laisse une
goutte de mon sang !
Le rosier est un firmament d'azur et de feu grimpant sur la pierre. Un
jardin de délicatesses accroché au roc. Une nuée d'étoiles mêlées de
barbelés.
Pour toucher du doigt le visage des anges, l'on doit effleurer les piqûres
du diable. Et moi, maladroit, fébrile, empressé, bien souvent je m'élance comme
un fou dans ce feu floral !
Et là, telle une amante versatile, tantôt le végétal m'embrasse sur les
lèvres, tantôt son aiguillon me perce le coeur...
A chaque fois j'attends de cette déesse éclose le meilleur ou bien le pire : je reçois
alors ou son affection ou son infection.
Ou je me pâme de son esthétique et je m'envole, ou elle me pique et mon
index enfle.
Bref, j'aime les éclats venimeux de ces douloureux ornements qui enchantent
et empoisonnent mes heures choisies.
Ces trésors entourés de verrues m'inspirent les plus doux élans de l'âme,
mais aussi parfois les pires flammes vengeresses.
C'est pour cela que je trouve ces silencieux arbustes beaucoup plus
savoureux que les bruyantes et inodores potiches féminines !
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