Certes il m'arrive de me morfondre comme un rat dans ma cabane perdue dans les bois, loin du monde, privé d'électricité, de confort élémentaire, d'eau courante et d'écrans en tous genres...
Mais cela ne dure jamais bien longtemps et il me suffit de chercher les fruits de la saison, de parfaire ma maison de branchages ou bien tout simplement d'allumer un feu pour chasser mon ennui et retrouver ma joie primitive.
Alors je ne pense plus aux artifices de la civilisation, tout occupé que je suis à des petits riens qui à mes yeux deviennent des oeuvres essentielles aussi éblouissantes que des rêves éternels.
Et je fais de ma minuscule affaire tout un univers plein d'enchantements.
Mes heures les plus humbles se peuplent de présences radieuses aussi réelles que des pierres précieuses et s'enrichissent de flammes pareilles à des êtres de chair. Des prodiges s'opèrent sous mon regard attentif. Je découvre des trésors sous les feuilles mortes, les arbres me dévoilent leur visage caché et la moindre étincelle se change en étoile.
J'accède à une dimension secrète.
Au milieu de la végétation sauvage, aux antipodes des cités bruyantes et superficielles, encerclé par la friche et la solitude, n'ayant pour glorieuse assise que l'humus, je trône souverainement sur mon royaume de broussailles.
Parmi les herbes folles, les fleurs rustiques et les fourrés, je m'étends et me repose, aussi auguste qu'un roi.
Avec mes terres si légères, mon toit si ténu, ma braise si modeste et mon âme si vaste, j'ai trouvé un bonheur à ma mesure, là-bas dans ce trou sans nom, quelque part entre la verdure et l'horizon.
Délesté de mes pesanteurs citadines, déconnecté des fibres futiles, débarrassé des liens superflus, débranché des fausses réalités, libéré des chaînes de ce siècle, j'aime aller me noyer dans la brume de cet asile épargné par les séductions de la modernité et demeuré aussi âpre et pur qu'aux temps bibliques.
Je veux m'éloigner des fureurs technologiques, fuir les stériles agitations, me retirer de la société, aller jusqu'au bout de mon chemin d'évasion pour me réapparaître sous la lumière et le vent, l'azur et la pluie, la neige et le soleil.
Là précisément où montent mes pensées ultimes et où se confondent naturellement l'aube et le crépuscule, le ciel et la forêt, le sol et les nuages.
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